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460 V O Y A G E
1828.
Juillet.
de riz. Elle traverse aussi plusieurs beaux villages.
Le premier qu’on rencontre est Koia, encore très-
près des bords du lac; puis on en voit d’autres moins
considérables. Au pied du mont Lokong, on passe
du district de Tondano Touli-Ang dans celui de To-
mohon. Le chef-lieu de Tomohon est une place considérable,
agréablement située au milieu de riantes
campagnes.
Nous nous y arrêtâmes pour déjeuner; nous fûmes
accueillis par une nombreuse députation de kapala-
balaks et de hokkoums, et nous défilâmes entre deux
haies de naturels qui paradaient en cadence avec leurs
lances et leurs boucliers, au son des goumgoums, des
lamtams, et au bruit des pétards. Noire hôte était le
kapala-balak de Tomohon, homme de trente-six ans
environ, et qui, à ses fonctions civiles, unissait, nous
dit-on, celles de prêtre ou devin.
Sur la grande place, et sous les galeries même de la
maison que nous occupions, les habitans se réunirent,
et exécutèrent diverses pantomimes assez curieuses.
Il en est une qui me frappa plus que les autres. Dix-
huit naturels, choisis parmi les hommes les mieux
fa its, avaient revêtu leur antique costume national
à'Harfour ; un pagne élégant, en étoffe de soie chamarrée,
entourait les reins, et ses deux bouts retombaient
par devant comme les franges d’une écharpe.
Un mouchoir entourait leurs cheveux, retenus près
du front par une étoffe de couleur passée en guise de
bandeau, et surmonté d’un oiseau de paradis, ce
qui donnait à cette coiffure un air de noblesse imposant.
Plusieurs individus avaient des bracelets d ’ivoire,
et des colliers en verroterie, en bijoux grossièrement
dorés ou en porcelaine de Chine, et presque
tous portaient au-dessous des genoux des jarretières
d’un travail élégant, et munies de grelots qu’ils agitaient
vivement en dansant. Tout simple qu’il était,
l’ensemble de ce costume donnait à ces naturels l’aspect
le plus curieux; pour la première fois de ma vie,
leurs danses et leurs figures me rappelaient fidèlement
les contorsions de nos acteurs sur le thé âtre, quand
on veut y mettre des sauvages en scène.
Dès que les Harfours eurent fini, quarante jeunes pi. ccix.
gens, en simple (sorte de blouse habituelle