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 1828.  J ’ai  fait mes  adieux au  commandant Demann, puis 
 Sepiembie.  j e   suis  veuu m’établir jusqu’à  six  heures  à  l’hôtel  de 
 Provence  pour  lire  les  journaux.  M. Quoy  a  remarqué  
 un  beau  boeuf  de Bantam  qu’on  amenait  pour le  
 service  de  l’hôtel,  et  a  pensé  qu’il  pouvait constituer  
 une  espèce  nouvelle.  Afin  de  lui  en  faciliter  l’étude  
 et  la  description,  je  Fai  fait  sur-le-champ  acheter  
 moyennant cinquante roupies, et conduire  à bord.  La  
 peau  ira  au  Muséum,  et  l’équipage  profitera  de  sa  
 chair 
 Je  me  suis  informé  auprès  de M.  Diard  de ce  que  
 pouvait être le succotiro, animal extraordinaire, d’une  
 espèce inconnue,  et cité comme  indigène de Sumatra.  
 Il  m’a  répondu  que  succotiro  était  un  des  noms  du  
 tapir dans  la  langue  de Sumatra, et  qu’il  était  impossible  
 que  cette  île  contînt  aucune  grande  espèce  de  
 quadrupède  qui  lui  fût  restée  inconnue.  M.  Diard  
 ajoute  qu’en  1819,  il  envoya  en  France  sur  le  sapi-  
 outang  une  note  dont  il  n ’a jamais  entendu  parler;  
 il  croit  en  outre  que M. Reinwartz est jusqu’aujourd’hui  
 la seule personne qui  ait  pu  fournir des renseignemens  
 positifs  sur  celte belle espèce d’antilope. 
 A  six  heures  et  demie,  MM.  Guilbert,  Gaimard,  
 Sainson,  Dudemaine  et moi,  nous  nous sommes ren dus  
 chez M.  Bousquet.  Le dîner a été splendidement  
 servi,  et  réunissait  un  grand  nombre  de  convives.  
 Tous  ces  messieurs  ont  paru  très-peinés  de  voir que  
 j’étais  décidé à remettre si tôt  à  la  voile ; mais je  leur 
 *  On  trouvera  cet  animal  décrit  dans  la  partie  Zoologique  du  Voyage,  
 sous  le  nom  de  b o e u f   a   f e s s e s   b l a n c h e s ,   hos  leucoprymniis. 
 ai  remis  sous les  yeux  le  triste  état  de  l’équipage de  1828.  
 l ’Astrolabe,  et ils ont été contraints de se rendre à la  Septembre,  
 force de mes raisons.  Pour des hommes bien portans,  
 le  séjour  de  Batavia  n ’est  plus  aussi malsain  qu’il le  
 fut  autrefois ;  mais  il pouvait devenir  fatal  aux matelots  
 de l’Astrolabe,  dont  le moral était pour le moins  
 aussi ébranlé  que  le  physique,  et  qui  se  seraient cependant  
 livrés  à  toutes  sortes  d’imprudences  si  on  
 les eût laissé communiquer avec la  terre. Je  pris  donc  
 congé  de  mes  aimables  h ô te s,  et,  à  onze  heures  du  
 soir,  je me  rendis  à  bord,  bien  déterminé  à  ne  plus  
 remettre  les  pieds  dans Batavia. 
 Les observations faites par M.  Jacquinot au mouillage, 
   dans  les journées  du 30 août  et  du  1«  septembre, 
   ont donné pour la longitude de ce  point  104° 3 3 ' 
 25" E .,  par  la moyenne  des marches des monlres 83  
 et 38  conclues a Manado,  et  en plaçant  Amboine par  
 125“  49'  27"  long.  E.  Ce  résultat  est  parfaitement  
 conforme à la position de la connaissance des temps '. 
 «  Voyez  note  8. 
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