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   il  n’en  reste  plus  qu’un  seul:  les  trois  autres,  nous  dit  
 Néro  ,  ont  suivi  le  capitaine  Dillon. 
 Le  23  février,  à  quatre  heures  et  demie  du  m alin ,  MM.  
 Quoy ,  Bertrand, Faraguet et m o i,  nous partons  dans le  grand  
 canot,  commandé  par M.  Gressien, pour  aller  visiter les  villa-  
 lages de Payou et  de  Vanou. 
 Nous  avons  pour  interprètes Hambillon  et  l ’indigène  d’Ou-  
 véa ,  et pour guides  deu.x Vanikorienç  qui nous  ont été  donnés  
 par  N é ro ,  et  dont  l ’un  a  fait  les  cinq  voyages  du  capitaine  
 Dillon  sur  le  lieu  du  naufrage. 
 Nous  commençons  à  faire  le  tour  de  l ’île  par  le  sud.  Nous  
 laissons  .à  notre  gauche  une  petite  île  de  sable  ,  nommée  
 Noungna,  et  plus  loin  une  seconde,  nommée Makaloumou.  
 C ’est  tout  près  de  ces  îles  de  sable  qu’un  navire  s’est  perdu U  
 y   a  long-temps. Nos  guides  l’ont  entendu  dire,  mais  ne  l ’ont  
 pas vu. La montagne  pointue, qui est à  notre  droite,  se nomme  
 Guéméli.  C’est  la  même  que  l ’ on  aperçoit  du  mouillage  de  
 l ’Astrolabe. 
 A  huit heures  moins  un  quart,  nous  sommes  à  l ’ouverture  
 de  la  baie  de Naépé,  qu’un  espace  de  terre  assez  étroit  sépare  
 de  la  baie  d’Ocili. 
 A   neuf  heures,  nous  déjeunons  sur  l ’îlot Makaloumou,  
 près  du  village  de  Néoungoulou ,  situé  à  gauche  de  l’entrée  
 d e là   baie  Naépé. Nous  voyons  trois  pirogues  montées  ch a cune  
 par  trois  ou  quatre  hommes. 
 Plus loin ,  près  de  la  baie  Saboé  ,  nous  communiquons avec  
 le chef Ouaré. 
 A  midi  et  demi,  nous  arrivons  à Payou.  Pas un  seul  individu  
 ne  se  montre  sur  la  côte.  L’Anglais  et  les  naturels  descendent  
 à  terre  ,  où  ils  ne  trouvent  qu’un  vieillard  et  deux  
 vieilles  femmes.  Tous  les  babitans  ont  quitté  Payou  à  notre  
 approche ;  ils  ont  eu  peur ,  et  tout  ce  qui  a  pu marcher  s’est  
 sauvé  au  village  de Nama.  Le  chef lui-même  a  pris  la  fuite.  Il  
 est vrai  que  nous  avions été  obligés  de  mettre  en  panne  pour 
 disposer  les  fusils  qui  n’étaient  pas  prêts.  Cette  circonstance  
 peut  bien  avoir contribué  à  la  terreur  des  habitans  de  Payou. 
 Nos  guides  nous  disent  bien  positivement  qu’un  second  
 navire  s’est  perdu  sur  les  récifs  qui  sont  placés  vis-à-vis  le  
 village  de  Payou.  Eux-mêmes  ont  conduit  le  capitaine  Dillon  
 à Payou ,  mais non  sur le  récif. 
 A   une  heure  et  demie,  nous  quittons P a y o u ,  village  de peu  
 d’apparence,  qui  ne présente  qu’un  petit  nombre  de  cabanes.  
 L a   végétation y   est belle  comme  partout  ailleurs;  elle  est  surtout  
 composée de  cocotiers et de  bananiers. 
 Après  avoir  vu  un  lieu  nommé  Ambi  el  doublé  les  pointes  
 Itchaou  et  Nedjou  ,  nous  arrivons  à  quatre heures trois  quarts  
 devant  le  village  de Nama.  Aussitôt  une  cinquantaine  de  na  
 turels s’avancent  vers  nous.  Nous  nous  tenons  sur  les  avirons.  
 Un  vieux  chef à  barbe b lanch e ,  Naro,  nous  dit avoir  vu  deux  
 Français  ,  qui  sont morts  depuis  très-long-temps. 
 Nous  achetons  des  morceaux  de  fer  qui  ont  été  trouvés,  
 nous  d it-il,  devant Payou. 
 Voudrait-il  nous  y   conduire?  Il  ne  connaît pas  1 endroit  
 bien  exactement. 
 Y   a - t - il  dans  tout  ce  monde  quelqu’un  qui  connaisse  le  
 lieu  du  naufrage?  Personne. 
 Naro  ajoute  que  ces  morceaux  de  fer  n’ont  pas  été  pris  de  
 son  temps;  qu’ils  ont été  trouvés  parleurs  pères. 
 Je  demande  une  seconde  fois  au  vieux Naro  s’il  a  vu  des  
 blancs.  Cette  fois il me  répond qu’il  n’en a  pas  vu. 
 Je  demande  si  le  peuple  de  Vanou  est  bon.  On  me  répond  
 qu’il  est méchant. 
 Nous  quittons Nama à  six  heures du  soir,  et à  sept heures un  
 quart nous  venons  mouiller  à  Vanou ,  dans  une petite  crique  
 où  nous  passons la nuit. 
 Le lendemain  ,  24 fév rier,  une  pirogue  vient vers  nous avec  
 le  chef V alié.  On  nous  dit  ici  que  les  navires  se  sont  brisés  
 sur Payou. 
 Les environs  de Vanou  présentent  de  très-jolis bouquets de 
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