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groupe le plus important tie la Microncsic , après les itcs
Pelew.
De tous les insulaires que j ’ai pu visiter en ma v ie , ceux-ci
sont certainement les plus actifs, les plus aimables et les plus
intéressans. L ’adresse avec laquelle ils manoeuvrent leurs pirogues
est vraiment étonnante ; mais elle ne le cède en rien à
l ’habileté qu’ils apportent à leur construction et à leur gréement.
La plupart de ces pirogues sont longues et portent de quinze
à trente hommes. Le fond se compose d’une seule pièce de
b ois, ayant généralement de trente à cinquante pieds de long
et taillée en forme de p iro gu e , sans autres instrumens que
ceux qu’ils fabriquent avec des coquilles, etc. Chacun des
côtés est formé par une seule planche de quatorze à dix-huit
pouces de largeur; l’un est perpendiculaire à la su r fa c cd e l’eau,
tandis que l ’autre est un peu incliné par rapport à cette surface.
Ces côtés sont solidement joints avec le fond, au moyen
de fortes cordes en écorce d’a rb re , ainsi qu’à la poupe et à la
proue qui sont élégamment sculptées.
Ces pirogues allant souvent à la v o i le , et le côté incliné se
trouvant toujours au v e n t , on supposera naturellement qu’elles
seraient exposées à chavirer. Une ingénieuse invention supplée
à cet inconvénient. Une plate-forme, nommée balancier , s’étend
horizontalement à la distance de huit à dix pieds en dehors
du bord oblique de la pirogue ; à son extrémité est assujettie
une pièce de bois flo ttant, taillée en forme de pirogue.
Le poids de cet appareil empêche l ’embarcation de s’abattre
sous le vent, tandis que la forme aplatie de la partie sous le
vent l ’empêche de dériver. En même temps, le flotteur du
balancier s’oppose à ce qu’elle puisse chavirer du côté du vent.
T e lle est la forme des pirogues simples qui cinglent avec une
grande rapidité , soit à la pagaie, soit à la voile , soit avec ces
deux moyens à la fois.
Leurs doubles pirogues sont construites précisément de la
même manière, à l ’exception du balancier, cpii cesse d’étre
nécessaire. Les deux pirogues sont fixées parallèlement l ’une
à l ’autre avec des traverses en bambou. Elles ont ordinairement
quarante pieds de lo n g , et leur intervalle est de huit à
dix pieds. Les bambous qui les unissent sont placés à deux
pieds d’intervalle et fortement attachés aux plat-bords avec
des liens en corde d’écorce. De petits morceaux de bambou
sont attachés sur ces traverses , de manière à former une plateforme
de vingt à vingt-cinq pieds de longueur, sur huit ou
dix pieds de large. Les naturels font agir les pagaies sur les
deux bords des pirogues, el les font marcher avec une surprenante
rap id ité , beaucoup plus vite que nos baleinières à six
avirons, armées par nos plus vigoureux matelots. Ce sont là
leurs pirogues de gu e rre , et plusieurs d’entre elles ont leur
arrière et leur avant sculptés avec beaucoup de goû t, à peu
près à la manière des Nouveaux-Zélandais. Leurs pagaies ont
communément quatre pieds de long, avec des pelles de six
pouces de large , et sont très-habilement travaillées.
Leurs voiles sont, ainsi que leurs vêtemens, fabriquées avec
une belle et longue herbe qu’ils ont le talent de tisser pour en
faire une étoffe solide propre à toutes sortes d’ usages. Le mât,
haut de douze à dix-huit pieds, est tout-à-fait perpendiculaire
et placé au milieu de la pirogue ; à la tête de ce mât se bisse
une vergue de vingt-cinq à trente-cinq pieds de lo n g , suivant
la grandeur de la pirogue. La voile s’étend le long de cette
vergu e, et quand elle est hissée en tête du mât, le bas tombe
sur le plat-bord de la pirogue. Ces voiles sont taillées de manière
que les pirogues n’ont jamais besoin de venir dans le lit
du vent en louvoyant; car dans celles-ci les deux extrémités
peuvent également se trouver en avant. Quand les naturels
veulent passer de l ’autre b o rd , ils laissent porter tout d’un
c o u p , jusqu’à cc que l’arrière de la pirogue devienne l’avant
et se range au plus près du vent. En même temps on relève le
point de la voile qui servait d’abord d’amurc, et on abaisse
l’autre que fo u amure à l ’autre bout de l’embarcation. Ainsi,