
 
        
         
		iSaS. 
 Août. 
 3 i . 
 notre arrivée,  pour prendre diverses  espèces  de  plantes  
 que l’on désire cultiver dans  l’établissement  français  
 de  Pondichéry.  M.  de  Blosseville  entre  dans  
 quelques  détails  curieux  sur  les rapports  de M. Dillon  
 et  l’effet  qu’ils  ont  produit  dans  l ’Inde,  et  il  annonce  
 que  la Bayonnaise,  commandée  par  le  capitaine  
 de  frégate  Le  Goarant,  a  reçu  l’ordre  de  se  
 lendre immédiatement  a Vanikoro, uniquement pour  
 visiter  cette  d e ,  et  s’y occuper  des  recherches relatives  
 au  naufrage  de M.  de La Pérouse. 
 Un navire devant partir le jour suivant et se rendre  
 directement  à Anvers,  je  consacrai  cette journée entière  
 à  expédier mon courrier au ministre.  Il  se  com-  
 jmsait  d’un  rapport  détaillé  sur  les  opérations  et les  
 événemens  du  voyage,  depuis  le  départ  de Hobart-  
 Town  jusqu’à  l’arrivée  à  Batavia,  auquel  était joint  
 une  proposition  fortement  motivée  d’avancement  et  
 de  décorations  en  faveur  des  diverses  personnes  de  
 l’état-major.  A mon  passage à l’Ile-de-Franee,  j ’avais  
 l’espoir  de  trouver  la  nouvelle  de  ces  diverses  faveurs; 
   mais,  en  cas d’oubli,  je  désirais que  cette  démarche  
 ouvrît  les  yeux  du  ministère,  afin  du  moins  
 qu’à  notre  arrivée  en  France,  je   n ’eusse  plus  qu’à  
 annoncer  à  mes  compagnons  la juste récompense de  
 leurs  glorieux  et  pénibles travaux.  Enfin, j ’adressais  
 au ministre un tableau  de M.  Sainson représentant la  
 cérémonie de  l’inauguration  du monument  élevé  à  la  
 mémoire  de  La  Pérouse,  sur  les  rives  de Vanikoro,  
 par  les  marins  de  l’Astrolabe.  Il me semblait  alors  
 que la  lithographie  pourrait  à  l’inslant  s’emparer de 
 ce touchant  épisode  de  notre  voyage,  et  annoncer  à  
 la  France  que  la Nouvelle-Astrolabe  venait  de s’acquitter  
 d’un  devoir  sacré.  Gombien  j ’étais  loin  de  
 compte!... Sans  amis  puissans,  sans  prôneurs,  sans  
 comperes,  devais-je  espérer  de [fixer  les  regards  de  
 gens  occupés  d’intérêts  bien  plus  positifs!... 
 Pour  avoir  ma  journée  entière  à  ma  disposition,  
 j ’avais remercié M. Bousquet qui m’avait prié à dîner;  
 mais  il  renouvela  son  invitation  dans  la  soirée  poulie  
 jour  suivant,  et  il  me  fallut  bien  accepter. 
 A  neuf heures  du malin,  je  suis  descendu à terre,  
 accompagné de MM. Guilbert et Dudemaine. Le capitaine  
 Hay a  reçu mes paquets pour  le  ministère,  et a  
 bien voulu me promettre  de les remettre lui-même au  
 capitaine du bâtiment qui met à la voile le jour suivant. 
 Je me suis  ensuite  rendu à  l’hôtel de Provence, où  
 j’ai  trouvé  M.  D ia rd ,  naguère  voyageur  naturaliste  
 du Muséum  d’histoire  naturelle de Paris,  aujourd’hui  
 employé aux cultures  de  Java  pour le compte du gouvernement  
 hollandais. M. Diard,  qui  arrivait  à  l’instant  
 même de Buyterzorg,  m’a  annoncé  de  la  part  du  
 commissaire-général  qu’il  eût  été  très-flatté  de  me  
 voir, mais  qu’il  ne  lui  restait  plus  que  cette  journée  
 même  pour  avoir  ce  plaisir,  attendu  qu’il  partait dès  
 le jour suivant  pour  l’intérieur de Java. Gomme cette  
 excuse  n était  du  reste  accompagnée  d’aucune  offre  
 de  voiture  ni  de  chevaux,  je  la  pris  pour  ce  qu’elle  
 valait  probablement,  pour  une  simple  civilité,  et je  
 me  confirmai  dans  l’intention  de  quitter  moi-même  
 Batavia  dès  le jour  suivant. 
 septembre.