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DE L ’A ST R O LA B E . 429
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ou cinq milles devant n o u s , et paraît avoir à peu
prés la même marche que l’Astrolabe. Je crois
cependant que nous le gagnerions de vitesse, si je
pouvais mettre toutes les bonnettes dehors ; mais les
manoeuvres nécessaires pour les hisser et les amener
suivant le tomps seraient trop pénibles pour l’équipage,
et j ’aime mieux retarder notre marche de trois
ou quatre milles par jour.
Toute la matinée, malgré la pluie et la brume,
nous avons continué de voir les sommets de Ternate
el Tidore aux bornes de l’horizon. A onze heures,
un grain de pluie nous a dérobé la vue du Bantjar,
qui se trouvait à deux ou trois lieues de l’avant,
et nous ne l’avons plus revu jusqu’à notre arrivée à
Manado.
A midi et demi, nous avons commencé à apercevoir
Tifore; et au coucher du soleil, nous distinguions
facilement le mont Klobat de Célèbes sous
la forme d’un cône fort régulier. Ainsi, quoique les
sommets de Ternate et de Tidore soient éloignés de
cent cinquante milles du mont Klobat, par un temps
clair, on p e u t, au milieu du canal, apercevoir tous
ces pitons* a la fois. C’est un grand avantage pour
la navigation de ce passage, et il faut ajouter qu'il
n’existe aucun danger, aucun banc dans toute .son
étendue.
Nous poursuivons notre route aussi vite que le
permettent des brises faibles et très-variables. L’énorme
Klobat s’élève peu à peu au-dessus de l’horizon,
et les terres de Célèbes, ainsi que de l’île
Limbe, se découvrent successivement à nos regards^,
tandis que Tifore s’éloigne de nous.
Dans l’après-midi, une brise plus régulière du
S. et du S. S. E. nous favorise, et nous rallions
rapidement la pointe N. de Limbe pour donner
ensuite dans le détroit de Banka. Mais en approchant
de te rr e , nous trouvons des courans du S. O. si
violens, que nous sommes obligés de serrer le vent
jusqu’au O. '¡î S. O. pour ne pas être entraînés fort
au loin du cap Coffin, pointe N. E. de Célèbes.
A six et huit milles, dans l’E. N. E. du mont Klobat,
sont deux pitons moins considérables qui portent
le nom des Deux-Soeurs. A trois milles au N. E.
du plus septentrional de ces deux pitons, on remarque
une troisième montagne plus évasée au sommet,
et sur laquelle on aperçoit, du côté de l’E .,
une immense cavité à bords aigus, déchirés et dénudés,
qui annoncent évidemment un ancien cratère
de volcan. Ce mont, que j ’ai nommé le Volcan,
termine Célèbes de ce côté. Il peut avoir environ
cinq cents toises d’élévation, et la végétation s’arrête
complètement aux deux tiers de sa h au teu r, tandis
qu’elle s’avance bien plus haut sur le Klobat, qui a
une hauteur presque double.
A mi-distance environ du sommet du volcan au
rivage, dans la direction de l’est, est un petit monticule
conique, tout noir, entièrement n u , et qui
paraît être un cratère récemment éteint. La trace de
la lave jusqu’au canal de Limbe est complètement
brûlée et dépouillée; il ne serait pas impossible que
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