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Janvier.
commerce el de la navigation! IJn t correspondance
active et régulière unit Hobart-Town avec Londres ,
la métropole du monde commerçant. Les cinq mille
lieues qui séparent ces deux places n ’offrent d’autre
idée de distance que celle d’un retard habituel de
cent cinq jours.
J ’avais eu soin de faire apporter un solide pâté et
deux bouteilles d’eau-de-vie, auxquels nous fîmes
amplement honneur. Notre appétit était vivement
excité par la fatigue de la course et par l’air frais et
piquant que nous respirions à cette élévation. Mes
compagnons anglais qui, croyant avoir suffisamment
déjeuné, s’étaient d’abord moqués de ma précaution,
y applaudirent sincèrement et ne furent pas des derniers
à en profiter.
A midi p réc is, nous quittâmes la cime du mont et
commençâmes à descendre. Celte opération est d’abord
très-difficile et exige encore plus de précautions
qu’il n ’en a fallu pour monter; autrement on s’exposerait
à être entraîné avec quelque fragment de rocher
l’espace d’une centaine de toises et à être moulu dans
la chute.
Personne de nous n ’éprouva d ’accident fâcheux,
et nous reprîmes M. Lesson à l’endroit où nous
l’avions laissé. Mais presque au même in s tan t, nous
nous aperçûmes que nous avions perdu Je a n ; il
s était écarté dans la foret pour tirer sur quelques
oiseaux et s’y était sans doute égaré. Apres nous être
arrêtés long-temps et l’avoir appelé bien des fois inutilement,
nous nous décidâmes à poursuivre notre
DE L’ASTROLABE.
route, sauf à renvoyer ensuite un des hommes de
M. Thomas à sa recherche.
A cinq heures, nous arrivâmes enfin chez M. Thomas,
et nous eûmes la satisfaction de voir arriver
Jean presque en même temps que nous. Nous étions
exténués de fatigue et de chaleur ; mais du thé et du
café, mêlés en abondance avec du lait très-chaud,
nous restaurèrent parfaitement. A sept heures et
demie, nous remontâmes à cheval, et une heure
ap rè s, j ’étais de retour à bo rd , très-satisfait des résultats
de notre excursion. J e regrettais seulement que
l’accident arrivé à nos baromètres m’eût privé de
mesurer exactement la hauteur de la montagne de la
Table, que l’Anglais Englefield trouva être de trois
mille neuf cent soixante-quatre pieds anglais (trois
mille quatre cent soixante-neuf pieds français), d’après
une mesure barométrique.
Nous ferons remarquer que les babilans de la colonie
ont substitué le nom de PFellington à celui de
la Table que lui avait donné Flinders. Une proléacée
magnifique, nommée par les naturels fF a rra lau ,
habite la partie la plus élevée de la montagne, el les
Anglais qui font celle co u rse, ne manquent jamais
d ’orner leui-s chapeaux de ses belles fleurs rouges ;
c’est même, à leurs y eu x , une des plus grandes curiosités
de cette montagne, car cette plante, disent-ils ,
ne se trouve nulle part ailleurs. Il me semble pourtant
qu’elle croît aussi à la Nouvelle-Galles du Su d ,
c a r, si je ne me suis pas trompé, ce s e ra it-10111
simplement le Telopoea speciosùslmn. Au r e s te ,
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1828.
Janvier.
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