sud. Là, je cessai noire travail sur le groupe de Goulou,
et remis le cap au S. O. pour nous rapprocher
des îles Pelew.
Dans toute notre pénible campagne, je ne crois pas
avoir rencontré un groupe plus dangereux pour la
navigation que celui des îles Goulou. En effet, il offre
un récif immense, qui n ’a pour le signaler que cinq
ou six îlots si petits, si bas, si éloignés les uns des
autres, que, par un temps de brume ou de grains, on
peut se trouver sur les écueils sans avoir vu aucune
terre. Dans toute l’étendue de brisans que nous avons
parcourue, nous n ’avons remarqué que deux coupures;
mais nous avons présumé qu’il serait facile de
pénétrer par ces deux passes au-dedans de leur enceinte,
et, d ’après la tranquillité des eaux intérieures,
nous avons jugé qu’un brisant règne aussi vers la
partie du vent.
D urant les deux journées qui suivirent, il fit très-
mauvais temps; le vent souffla avec violence à l’E.
S. E ., avec des rafales et des torrens de pluie presque
continuels. Cela me contrariait cruellement pour le
travail q u e je comptais exécuter sur les îles Pelew, et
je n ’en approchais qu’avec une sorte d ’anxiété.
Cependant, le 7, à six heures du matin, je m’estimais
à vingt lieues environ dans l’E. S. E. d’Angour,
et j’avais mis le cap au N. O. pour prendre au moins
connaissance de cette île. Qu’on juge de ma surprise,
lorsqu’à dix h eu re s, la vigie annonça la terre dans
r o . N. O .; en même temps je l’aperçus facilement
de dessus le pont. Celte terre se dessinait sous la
forme d ’une haute et grande île qui n ’était pas éloignée
de nous de plus de sept ou huit lieues. Cette
apparence ne pouvait convenir qu’aux îles du nord,
et je reconnus qu’un courant très-fort avait dû nous
entraîner considérablement au N. O . , depuis quarante
huit heures que les observations nous avaient
manqué. On doit par là juger à quels dangers nous
aurions été exposés en voulant cotoyer de plus près
ces îles durant la nuit.
Du reste, je gouvernai à l’ouest pour approcher de
la terre. A une heure après midi, les terres les plus
orientales deBaubellbouap nous restaient dans le nord
à quatre milles de distance, et celles de Coror dans
l’O. N. O. à six milles environ; nous n’étions pas à
plus de deux milles et demi des brisans. Comme le
ciel était très-couvert et que les grains se succédaient
presque sans interruption, je ne jugeai pas à propos
d ’accoster davantage cette formidable barrière ; et
nous continuâmes de prolonger la chaîne des brisans
à trois ou quatre milles de distance. Dans les courts
intervalles que laissaient les grains, M. Guilbert multipliait
ses relèvemens sur les îles, et il réussit ainsi
à en lever un plan, incomplet il est vrai, mais qui s’est
accordé plus qu’on n ’aurait pu l’imaginer avec celai
qui nous a été laissé par Macluer. Seulement les dimensions
que ce dernier à assignées à Pililew et An-
gour sont un peu plus grandes que sur notre carte;
en oulre, il indique cinq îles d’égale grandeur sur le
récif extérieur entre Earakong et Pililew, tandis que
nous n’y avons vu que trois petits îlots.
1828.
Juin.