Océan, avec autanl de calme et de sécurité qu’ils le
feraient au milieu des îles du Levant ou des Antilles.
Il me semble que je puis actuellement passer aux
reproches adressés à ces expéditions, touchant les
dépenses excessives qu’elles ont occasionées. Certainement
je ne défendrai point la campagne de l’Uranie
, je sais qu’elle a énormément coûté pour son exécution
comme pour sa publication, trois fois plus
peut-être que celles de la Coqaille et de VAstrolabe
réunies. Mais cela n ’était nullement nécessaire, comme
l’ont bien prouvé les deux dernières , sous le double
rapport des résultats obtenus et de la beauté des ouvrages
publiés. M. Freycinet a voulu voyager en grand
seigneur et avec toutes les douceurs de la vie , voilà
to u t; mais ce n ’est pas là , à mon avis , le but de ces
voyages.
Je me contenterai de rendre justice, en passant,
au bon esprit de M. D u p errey , sous ce rapport;
j ’écarterai pour le moment les frais inhérens à la
publication , article sur lequel je reviendrai , et je
me bornerai à examiner les dépenses strictement nécessaires
à un semblable voyage. Le tableau général
des frais occasionés par l’Astrolabe, depuis le moment
où elle quitta Toulon, jusqu’à celui où elle rentra
à Marseille, va devenir la base de ma discussion.
Hormis les cas de naufrage et de démâtage, l’Astrolabe
ayant à peu près subi toutes les chances de la navigation
, je pense qu’elle peut fort bien me servir de
terme de comparaison. Mon but est de prouver qu’elle
n’a pas coûté davantage que ne l’aurait fait un bâliment
du même rang, armé en guerre et employé, durant
le même espace de tem p s, au service le plus ordinaire
‘.
Je passe sur les 30,000 fr. attiibués pour solde et
traitement de mer. Sur tout autre bâtiment,.cette allocation
aurait été la même. Que si l’on voulait m’objecte
r que la présence de deux médecins , d’un dessinateur
, et peut - être d’un officier en sus de l’état-
major réglementaire, a été l’objet d ’une dépense
extraordinaire, je répondrais qu’elle se trouve tout
au plus représenter celle qui aurait résulté de quinze
ou vingt hommes en surplus dans l’équipage. En effet,
terme moyen , nous n’avons jamais eu guère plus de
soixante-douze hommes d’effectif, et divers bâtimens
de ce genre, comme la Durance, la D o re , l’Hekla,
la Lionne, l ’Emulation, e tc ., et l’Astrolabe eWe-
même pour un service subséquent, ont eu quatre-
vingts , c e n t, el même cent dix hommes d’équipage
2.
La somme portée â la colonne vivres aurait été
certainement au moins égale partout ailleurs, et peut-
être supérieure, attendu que nous avons quelquefois
nourri l’équipage avec des vivres achetés à vil prix ,
et que souvent le bois n ’a coûté que la peine qu’ont
eue les matelots de le couper.
Quel est le bâtiment naviguant seulement dans la
Méditerranée qui n ’aurait pas coûté chaque année
1 V o y e z le tableau ci-après.
2 Voyez les èomples définitifs de re x e rc ice i 83o.