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VOYAGE
nassent une iatigue sans b u t, ce qui s’accorderait peu
aA-ec leur paresse et leur indolence naturelles.
Du reste, après avoir scellé la paix avec nous, les
deux chefs, ravis des présens qu’ils venaient de recevoir,
me demandèrent la permission d’aller les montre
r à leurs compagnons inquiets, et de leur faire part
de ce qui venait d’être conclu. Leur retour causa une
grande joie dans tout le peuple de Manevai; et nous
fûmes bientôt entourés, comme de coutume, par les
pirogues des insulaires.
Pour nous, notre dernière tâche sur Vanikoro était
enfin accomplie. Nous avions rendu les derniers devoirs
à nos malheureux compatriotes; il s’agissait
d’aviser au plus tôt à notre propre départ. Vingt-
cinq personnes gémissaient déjà sur les cad res, et
quelques jours suffisaient pour nous priver des bras
qui devaient nous arracher de Vanikoro. Aussi, pour
nous tenir prêts à profiter du premier beau temps,
je fis relever la grosse ancre et sa chaîne, et je mouillai
à la place une ancre à jet pour nous maintenir vers le
milieu du chenal.
Dès cinq heures et demie le branlebas a lieu ; il
fait calme plat et beau temps. Toutes les ancres sont
successivement relevées, et nous nous avançons doucement
vers le nord, remorqués par le grand canot et
la baleinière, où sont embarqués le petit nombre
d’hommes qui restent valides. Mais à huit heures et
demie, la marée contraire nous force à mouiller une
ancre a je t a un demi-mille au N. E. du mausolée.
Je profite de ce retard pour envoyer encore une.
DE L’ASTROLABE.
fois M. Gressien explorer lapasse de Nanounha. Je
m étais flatté de l’espoir de pouAmir attendre son retour
sur l’ancre à jet. Par malheur, la brise fraîchit à
1 E. et au S. E. ; elle nous fait chasser et nous entraîne
à moins d’une encâblure des brisans de dessous
le vent. Malgré ma répugnance, je suis obligé de laisser
tomber l’ancre moyenne avec sa chaîne en fer par
trente-cinq brasses de fond , el à cinq heures du soir,
le vent renforçant encore, il faut ajouter une grosse
ancre pour assurer notre ten u e , et envoyer une ancre
à je t de l’arrière avec un grelin, pour empêcher
les tours de câbles.
Dans 1 état d ’affaiblissement où nous étions, ces
ressources étaient bien tristes, attendu qu’il fallait un
travad long et pénible pour relever toutes ces ancres.
Ainsi, nous étions bien moins avancés que le malin
même, et notre position était beaucoup plus menaçante.
S’il eût venté bon frais d’E. S. E. dans la nuit,
rien ne pouvait empêcher la corvette de tomber sur
les récifs de la côte, où elle se serait défoncée. Nous
en avons été quittes pour des orages, des grains et une
pluie continuelle.
Toute la soirée, les naturels de Manevai sont A-enus
en grand nombre a bord, et ont apporté une immense
quantité de poissons. Mais la moitié de l’équipage
environ est obligée de contempler celte abondance
avec un oeil de douleur et de regrets, sans pouvoir y
prendre part ; ceux même qui se portent bien, dévorés
d ’inquiétude sur notre position, sont peu disposés
à se livrer à la joie.
1828.
Mar.s.