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 VOYAGE 
 pour visiter l’hôpital. A mon extrême surprise, comme  
 a mon  grand  re g re t, je ne  me  suis  point  aperçu que  
 l ’état  des  malades  se  soit  sensiblement  amélioré.  Ce  
 triste  résultat  lient  principalement  à  ce  qu’il  est  impossible  
 d’assujettir  ces  hommes  à  un régime  convenable. 
   Un des  effets  de la triste maladie  contractée  à  
 Vanikoro est de provoquer un  appétit insatiable,  tandis  
 que  la  diete  serait  indispensable  pour la guérir ;  
 nos malades  ne  trouvent  ici  que  trop  facilement  les  
 moyens  de contenter leur monstrueuse faim  en fruils  
 de  toute  espèce,  rac in es,  oeufs,  et même en  viande.  
 Ils  se  moquent  des  défenses,  ils  éludent  toutes  les  
 précautions,  e t , par  cette  conduite ,  ils reculent  l’époque  
 où  ils  pourraient  se  rétablir.  Les  médecins,  
 plus ou moins  atteints  par  le m a l,  ne sauraient opposer  
 à  ces  abus  toute  la  surveillance  désirable,  e t,  il  
 faut  bien  le  dire ,  sollicités eux-mêmes par leurs estomacs  
 ,  ils  ne montrent  pas  toujours  l’exemple  de la  
 modération.  C’est donc  un inconvénient auquel il  n ’y  
 a guere  de remede : le mieux est de s’en rapporter désormais  
 a  la  Providence touchant notre  sort à  venir. 
 Il m’est parvenu des plaintes de la  part de l’alcade,  
 comme  de  celle  des  médecins,  sur  la  conduite  des  
 malades  dans  le  village.  En  conséquence, j ’ai  décidé  
 qu’un officier serait chaque jour  de service  au palais ,  
 pour  surveiller  les  démarches  des  hommes  établis  
 à  te rr e ,  et  les  faire  rentrer dans  le  devoir  aussitôt  
 qu’ils  s’en  écarteraient.  J ’ai annoncé d ’ailleurs  queje  
 ferais  punir  sévèrement  quiconque  se  permettrait  de  
 mauvais procédés envers les habilans  de  l’île. 
 DE  L’ASTROLABE. 265 
 Nous  avons  reçu  aujourd’hui  le  complément  des  
 dix charges de bois que j ’avais  demandées :  elles  nous  
 ont  coûté  cinquante-quatre  réaux,  environ  trente-  
 cinq  francs. Mais je ne pense pas  que ces dix  charges  
 de  pirogues  fussent’égales  à  six  stères,  tant  elles  
 étaient faibles... 
 Le  matelot  Quemener  est  rentré  à  b o rd ,  c’est  le  
 premier homme  qui  soit encore revenu  de l’hôpital. 
 M.  Quoy me communique une lettre  qu’il vient de  
 recevoir  de  dom Medinilla,  dans laquelle,  au travers  
 de  beaucoup  de  protestations  de  dévoûment  et  d’intérêt  
 ,  percent évidemment de graves inquiétudes touchant  
 la  nature  de  noire  maladie  el  la  crainte  que  
 nous  ne  soyons  tentés  d’aller  le  voir  à  Agagna.  Il  
 mentionne  le  regret  qu’il  éprouva  de  ne  pas  voir  
 M.  Duperrey chez  lui,  à Manille,  en  1824.  Cet  officier  
 lui  avait  été  annoncé par M.  Freycinet,  comme  
 chargé  d ’une  mission  dont  le  but était  de  vérifier les  
 observations de  l’üranie. 
 M.  Medinilla  me  faisait  aussi  connaître  qu’il me  
 renvoyait par la police l’Anglais Maclean (John), provenant  
 de  l’Astrolabe,  qui avait quitté cette corvette  
 sans  permission,  pour  aller  à  Agagna  s’embarquer  
 sur  un  baleinier.  Maclean  s’est  présenté  devant  moi  
 d ’un  air  assez  confus ;  mais  après  lui  avoir fait  une  
 réprimande, je lui  ai  déclaré qu’aussitôt  que l’alcade  
 serait  de  re to u r , je  lui  accorderais  la  permission  de  
 débarquer,  attendu  que  je  ne  voulais  garder  à  mon  
 bord aucun étranger contre son gré. Il  paj-aît que c’est  
 ce mauvais  sujet qui a principalement  semé les bruits 
 1828.  
 10  mai.