
 
        
         
		I 
 été  envoyé  à  51.  Langaker,  médecin  de  la  colonie,  
 qui,  n ’ayant  trouvé  personne  pour le  faire  préparer,  
 l’avait  fait  jeter  à  la  mer,  à  cause de  l’infection  qu’il  
 répandait. 
 Nous  avons  appris  aussi  que  le  colonel  Styman,  
 sur  les  recommandations  de  5I5I.  Quoy  et  Gaimard  
 et  sur mes instances,  avait réussi  à  se  procurer deux  
 animaux  de  l’argonaute,  mollusque  dont  la vraie nature  
 excitait vivement l’intérêt et la curiosité  des  zoologistes. 
   5Iais il  avait eu la faiblesse de  les céder à un  
 naturaliste  hollandais  qui  avait  passé  deux  ou trois  
 mois  dans  la  colonie  avant  notre  retour.  Cependant  
 nous  avions  fourni  les  flacons  et l’alcool  nécessaires  
 pour  les  conserver.  Plus  délicat  et  plus  fidèle  à  sa  
 parole,  51.  Lang  s’était  constamment refusé  à  toutes  
 les  manoeuvres  de  la  même  personne  pour  obtenir  
 son  babiroussa ;  51.  Lang  se  contenta  de  répondre  
 que cet  animal ne  lui appartenait  plus,  et  qu’il  le re gardait  
 désormais comme la propriété de l’Astrolabe.  
 Nous  avons  été  tous  très-sensibles  à  ce  noble  et  généreux  
 procédé  de  la  part  du  capitaine Lang,  et,  si  
 cet  ouvrage  est  destiné  à  paraître  un  jo u r  sous  ses  
 yeux,  je lui renouvelle  ici mes  remercimens. 
 J ’avais  été  invité  à  dîner  chez  51.  5Iorrees  avec  
 plusieurs  officiers  de  l’Astrolabe.  Cet  administrateur  
 avait  réuni  à  sa  table  toutes  les  autorités  principales  
 de  la  colonie,  et  nous  nous  trouvions  quarante  
 convives  environ.  Le  diner  fut  somptueux  et  
 fort g a i,  mais  trop  long  pour moi,  car  on  ne  quitta  
 la  table  qu’à  une  heure  du  matin,  et  je  ne  pus  me 
 sauver à bord qu a deux heures,  extrêmement fatigué. 
 P a r bonheur, je me trouvais à table près de 51. 51 er-  
 kus,  dont  la  conversation  animée,  spirituelle et instructive, 
   me  fit  paraître le temps moins long.  Toute  
 etiquette fut bannie entre nous, et nous parûmes nous  
 entendre  comme  si  nous  eussions  été  des  connaissances  
 de  vingt  ans.  En  me  parlant de son voyage à  
 Batavia,  il  ajouta  qu’il  passerait  à  5Ianado  sur Célèbes, 
   et m’invita  à  l’accompagner dans  cet établissement, 
   en  me  faisant  l’éloge  du  climat,  des  productions  
 et  du caractère des  habitans.  J e  convenais  sans  
 peine du  haut intérêt que la relâche  de  5Ianado offrirait  
 à  l’expédition,  et  je  ne  dissimulais pas même le  
 vif  désir  que  j ’éprouvais  personnellement  de  visiter  
 un  point  de  Célèbes,  île  à  peine  connue  des  Européens; 
  mais j ’alléguais  toujours  l’état  de nos malades  
 comme  un  obstacle  insurmontable  h  la prolongation  
 de  nos  travaux dans  les 5Ioluques. 
 Po u r  achever  de  me  déterminer,  51.  Merkus  
 ajouta  qu’on  lui  gardait à Manado  deux  beaux babi-  
 roussas  adultes,  et  qu’il  les  remettrait à ma  disposition  
 si  je  voulais  l’accompagner  à  Célèbes,  et  qu’en  
 outre  il  mettrait  sur  pied  toute  la  population  du  
 pays  pour  procurer  aux  naturalistes  tous les  objets  
 d’histoire  naturelle  qu’ils  jugeraient  dignes  de  leur  
 attention. 
 De telles  offres étaient bien séduisantes;  jamais babiroussa  
 vivant n ’avait encore paru en Europe,  et l’on  
 ne possédait même au Muséum aucune dépouille complète  
 de  ce  curieux  animal.  Je  savais  que  les  pro- 
 27 
 1828. 
 J u ille t . 
 TOME  V .