1828.
Janvier.
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me proposai de me placer sur son parallèle bien à
l ’est de sa position, puis de laisser porter à l’ouest
jusqu’à ce que je l’eusse rencontrée.
Cette manoeuvre fut suivie d’un succès complet. A
midi nous avions atteint le parallèle de 22° 34’ lat.
S ., et le méridien de 169° 15’ longit. E . , et ne
découvrant rien dans toute la partie du N. E . , j’avais
laissé porter au N. O. ; mais à midi et demi M. Lottin
et le jeune Cannac aperçurent dans l’o u e s t, au
travers d’une brume assez épaisse, une pe/ite île distante
de cinq ou six lieues au plus. Nous nous dirigeâmes
dessus , mais une bande d’eau tout-à-fait décolorée
qui se prolongeait de l’est à l’ouest, sous le vent
à nous et à deux ou trois encâblures au p lu s, me força
long-temps à manoeuvrer tantôt d’un bord , tantôt de
l’autre pour l’éviter. Bien que ces eaux eussent tout-
à-fait l’apparence de couvrir un bas-fond, je ne croyais
point qu’il y eût de danger ; mais il ventait alors avec
force, il eût été imprudent d’exposer la corvette, et
inutile d’envoyer un canot pour sonder, attendu que
nous eussions dérivé dans ^es eaux troubles avant
qu’on eût pu le mettre à la mer.
Poussés par une belle brise de S. E . , nous approchions
rapidement de l’île , et nous examinions d’un
oeil indécis et curieux un nuage fort épais, stationnaire
sur la cime de ce rocher isolé. Sa couleur, sa forme el
ses accidens semblaient annoncer qu’il était le produit
d’une fumée sans cesse renouvelée. En effet, sur les
trois heures après-midi, comme nous ne passions
guère qu’à une lieue de cet îlo t, nous ne pûmes douDE
L’ASTROLABE. 103
ter davantage que ce fût un petit volcan en activité.
Le centre offrait l’aspect d’un cratère à demi éboulé,
et des tourbillons de fumée s’en exhalaient sans cesse,
ainsi que des flancs de la partie occidentale qui se
dessine sous la forme d’un morne arrondi et peu élevé.
Les tourbillons, iransparens et bleuâtres à leur base,
semblaient enflammés dans celte partie et formaient
ensuite une longue colonne d’une teinte obscure que
la brise du S. E. chassait parallèlement au niveau de
l’Océan. De grands espaces étaient entièrement couverts
de soufre; leur teinte dorée contrastait avec la
couleur triste et sombre des pierres du reste de l’île
(jui ne paraît être qu’un amas de scories et de laves
refroidies.
r8ü8.
Janvier.
Ce roc enflammé n’a pas plus de deux milles de
circuit, sa hauteur doit être de soixante ou quatre-
vingts toises. C’est peut-être le plus petit des volcans
isolés que l’on connaisse sur la surface du globe.