VOYAGE DE L’ASTROLABE.
18 2S .
Févrie r.
touchant le naufrage des frégates et les événeraens qui
s’en étaient suivis. Ni promesses, ni caresses, ni
prières ne réussirent à M. Gressien pour vaincre leur
obstination, et il fut obligé de les quitter sans en obtenir
rien de plus satisfaisant.
Le grand canot a passé la nuit près du village de
Vanou dont les babitans ont aussi apporté quelques
débris insignifians du naufrage. Puis ce malin il s’est
dirigé vers la passe du n o rd , par laquelle il est rentré
dans le bassin intérieur, et il est enfin revenu à bord
par la passe de l’est 1.
A Vanou les deux guides de Tevai parurent fort
alarmés de se trouver en présence des babitans de
cet endroit; ils se couchèrent à plat-ventre dans le
canot, et ne se firent voir qu’après avoir reconnu que
les naturels de Vanou ue se montraient point hostiles
envers leurs hôtes. Un de ces guides raconta à Ham-
bilton qu’outre les deux navires qui avaient fait naufrage
à Païou et à Vanou, un autre avait péri près
des îles de sable, nommées Maka-Loumou, au sud
de l’île; mais qu’on n’avait pu rien en sauver, attendu
qu’il avait été sur-le-champ b ris é , et s’était englouti
le long du brisant.
Ce premier voyage nous a fait connaître le contour
de l’île, et nous a confirmé le fait du naufrage; mais
il ne nous a procuré aucuns documens sur le lieu
précis où il a rriv a , ni sur les événemens qui l’ont
accompagné. Nous serons peut-être plus heureux dans
I Voyez note 9.
les excursions suivantes. En outre je ferai en sorte de
captiver, par des amitiés et des prévenances de tout
genre, la confiance de nos soupçonneux hôtes, afin
de leur arracher des déclarations plus complètes et
plus satisfaisantes touchant la catastrophe qui nous
intéresse si vivement tous.
Déjà M. Guilbert, en chassant sur les bords de
la passe de l’est, a découvert, sur la petite île du
bassin intérieur, un village dont les habitans Font bien
accueilli. Deux des naturels de cet en d ro it, nommés
Tangaloa et Barbaka, lui ont montré un certificat
que M. Dillon leur avait laissé , et que M. Guilbert a
pu obtenir moyennant quelques présens. P a r chacune
de ces pièces écrites sur un morceau de parchemin
, et datées du 6 octobre 1827, M . Dillon certifie
qu’il a été content de la conduite du porteur durant
son séjour dans l’île, qu’il y est arrivé le 13 septembre
1827, et doit en repartir le jour suivan!, 7 octobre
, pour se rendre aux îles sous le v e n t, à la recherche
des Français de l’équipage de Lapérouse. 11 fait
aussi mention de cinq canons de bronze, d’un mortier
de cuivre et de vaisselle trouvés à Vanikoro. En oulre
M. Guilbert a apporté de ce village un morceau de
cuivre percé de quelques trous, paraissant avoir servi
de garniture de bout de vergue.
La chaloupe a jeté la seine sur la plage, et a fait
une pêche assez abondante. Dans la disette de vivres
frais où nous sommes réd u its , une pareille capture
est un sujet de joie universelle.
M. Gressien est parti à cinq heures, dans la yole.
1S2S.
lé v r ie r .
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