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 en  avait beaucoup dans  ce  lieu-là,  et aucun  animalcule ne contribuait  
 à  lui  donner  cette  teinte,  que  nous  ne  savons  à  quoi  
 rapporter. 
 ( E x tra it du  Journal de M.  Quoy.  ) 
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 Et depuis  cette  epoque ils n ’ont plus voulu  en nourrir. 
 Tikopia,  petite île  située  par  12»  latitude Sud,  n’a  que  sept  
 à  huit  milles  de  tour;  elle  est  élevée,  montueuse,  volcaniq 
 u e,  etc.,  bien  boisée.  Elle  n’a  point  de  port.  On  l ’approche  
 d’assez  près.  Sur  le  bord  de  la  m er ,  dans  le  S.  E .,  est  un  
 étang  d’eau  saumâtre,  peuplé  de  canards  sauvages.  Ses  habitans  
 ,  grands  et  robustes,  sontau nombre d’environ cinq  cents,  
 ce  qui  est  beaucoup  pour  une  aussi  petite  étendue.  Ils  ont  
 quatre  grands  chefs  qui  paraissent  égaux  en  pouvoir.  Au  
 rapport des  Angla is,  les  femmes  y   ont  beaucoup  de  retenue.  
 Cette  race  appartient  à  la  Polynésienne,  comme  celle  des  
 Sandwich,  des T o n g a ,  etc.  Les  babitans  ne  se  coupent point  
 les  doigts  et  ne  se  distendent  point  outre  mesure  le  lobe  de  
 1 oreille.  Ils  sont  g a is ,  confians,  de  bonne  fo i ,  ne  paraissent  
 point  avoir  d’armes  offensives  ,  et vont les premiers  à bord  des  
 navires.  Ils  aiment  beaucoup  avoir  des  Européens  avec  eux.  
 Ils  retenaient  vivement  les  Anglais  qui  les  abandonnaient,  
 en  montrant  l’ennui  qu’ils  avaient  de  s’en  séparer.  Il  était  
 curieux  de  leur  voir  faire  ouvertement  de  douces  instances  à  
 nos matelots pour  les  décider à  s’en  aller  avec  eux. 
 Ces  insulaires  ont  pour  tatouage  plusieurs barres  transversales  
 sur la poitrine et quelquefois trois longitudinales sur toute  
 la  longueur  du  dos.  Ils  portent,  comme  les  Carolins,  leurs  
 cheveux  longs  et  flottans  sur  les  épaules ;  mais  ils  en  gâtent  
 la  couleur par  de la  chaux  qui  les  rend  d’un  roux désagréable.  
 Un  petit  nombre  avait  des  anneaux  d’écaille  de  tortue  aux 
 oreilles  et  dans  la  cloison  du  nez.  Quelque.s-uns  avaient  la  
 lèpre.  Ils ne  se nourrissaient que  de  végétaux.  11  est vrai qu’ils  
 ont  détruit  les  cochons  et  les  poules  qui  ravageaient  leurs  
 plantations.  Quelques  individus ,  si  ce n’est pas  tous,  adoptent  
 un  dieu  qu’ils  prennent  parmi  les  animaux.  C’est  ainsi  qu’une  
 murène,  considérée  par  eux  comme  le  dieu  de  la m e r ,  faisait  
 reculer  un  chef devant  lequel  elle  était  placée.  Les  personnes  
 du  b ord,  qui  allèrent  à  terre,  y   furent  reçues  avec  les  cérémonies  
 communes  à  foute  cette  ra c e ,  quelle  que  soit  la  distance  
 qui  sépare  les îles  les  unes  des autres. 
 {E x tra it  du  Journal de M .  Quoy.) 
 Accompagnés  du  Prussien Martin  Bushart  et  du  Tikopieii  
 Bréatafou,  fils de  Ta foua ,  l’un  des quatre  grands  chefs,  MM.  
 Cu ilb e r t,  Sainson ,  Lesson et moi,  nous  fîmes une  course  inté-  
 re.ssante  à  T ik o p ia ,  le  lo   février  1828. 
 Ayant  quitté  V Astrolabe  à  trois  heures  el  demie  du  soir,  
 nous  abordions  à  cinq  heures au  village  de  Laven-ha.  La  réception  
 qui  nous  est  faite  est  extrêmement  gracieuse  :  deux  
 naturels  viennent  prendre  chacun  de  nous par  la  main  ,  pour  
 nous  conduire à  terre  au  milieu  de  la  population  de Laven-ha  
 et auprès  des  deux  chefs  Kaféka  et  Fan-baréré.  On  s’empresse  
 autour de nous;  on nous présente  des  cocos,  des  fruits à  pain  ,  
 d es évis,  etc.  Notre  introducteur, Martin  Bushart,  nous  engage  
 à ne  pas  trop  nous  approcher  des  deux  principaux  chefs.  
 Un  grand  cercle  est  formé  autour  de  nous;  les  femmes,  dont  
 plusieurs  sont joltos  êl  bien  faites,  se  tiennent  à  quelque  distance. 
   On  dirait que  leur modestie  c.st plus  grande  encore  que  
 leur  curiosité.  Cependant  la  femme  du  Prussien  ,  moins  farouche  
 que  les  autres, vient nous  examiner  de  près.  Son  mari  
 lui  annonce  qu’elle  l’accompagnera  sur  notre  navire  ;  elle  
 verse  quelques  larmes,  et  bientôt  elle  paraît  tout-à-fail  con -  
 solée. 
 Après  avoir  fait  quelques  cadeaux  aux  chefs,  nous  parcourons  
 le  village  ,  dont  les  cabanes  sont  dans  le  genre  fie  celles  
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