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la peau jusqu’au .«ang. Les chefs sont enterrés dans leurs
maisons.
Le vol, qui est très-fréquent, est puni par une simple réprimande,
quelquefois suffisante pour forcer le coupable à changer
de canton. A to u a , disent-ils, punira les voleurs et les fera
mourir.
Dans les cérémonies religieuses , les femmes reçoivent des
hommes leur nourriture. Ceux-ci la leur donnent derrière le
dos.
Il y a dans l ’île plus de femmes que d’hommes. Les hommes
aiment beaucoup mieux avoir des garçons que des filles. A la
naissance d’un garçon, on vient les féliciter et leur faire des
cadeaux. On ne fêle pas la naissance d’une fille.
La pluralité des femmes est permise : on peut en avoir jns-
qu’.à quatre.
Lorsqu’il s’agit d’un mariage, l’homme va voir sa future le
soir ; le lendemain, la femme va trouver le chef et lui dire
qu’elle est contente ; le chef consent au mariage , et les époux
lui apportent un panier de fruits.
Les jeunes Tikopiens ne veulent pas se marier avec les veuves.
Les veufs du pays se marient avec les jeunes fille s, tandis
que les étrangers ne peuvent épouser que des veuves. Le lascar
Joe a épousé une veuve, qui a de grands enfans de son premier
mari; il allait souvent chez cette femme qui lui demanda un
jour s’il voulait se marier avec elle; le lascar ne répondit ni
oui ni non; aussitôt la veuve le barbouilla de rouge, et le
mariage eut lieu.
A T ik o p ia , les femmessont fidèles. Dans le cas extrêmement
rare d’infidélité , il n’existe pas de punition. Cependant, si le
mari le v e u t , il peut tuer sa femme. Le fait-il quelquefois? Jamais,
me répondait-on.
Les jeunes filles s’abandonnent quelquefois ; celles-là seule -
ment se rendent parfois coupables de la mort de leurs enfans.
Le suicide est très-rare à Tikopia.
Les Tikopiens n’ont point de guerre entre eux ni avec leurs
voisins. Si des di.sputes surviennent parmi ces bons insulaires ,
ils sont grondés par les chefs, qui leur disent que les esprits
les feront mourir.
Leur nourriture ordinaire consiste en fruits à pain , ignames,
taros, cocos, bananes, évis , poissons-volans, etc. Il paraît
qu’ils préfèrent le requin aux aiUres poissons.
Les cocos appartiennent à tout le monde: cependant les
chefs en ont la plus grande partie.
Les Tikopiens font cuire leurs alimens sous la cendre qu’ils
recouvrent de pierres brûlantes. Ils font un repas cuit par jour,
de quatre a cinq heures du soir ; le lendemain , ils en mangent
les restes froids , et tout le long du jo u r , ils consomment des
cocos et des bananes.
Ils ne prennent point le kava ; le prêtre seul goûte cette U -
queur dans les cérémonies religieuses : il la répand sur la terre
en l ’offrant à Dieu.
Un Tikopien presque centenaire disait que notre navire,
ï Astrolabe , était le huitième qu’il avait vu. Onne voulutpoint
permettre à l ’équipage du premier de ces navires de descendre
à terre. Le second navire qui visita Tikopia leur donna des
cercles de bariques, dont ils firent des haches et des couteaux.
Jusqu’alors, iis ne s’étaient servis que de pierres. Les insulaires
n ’ont point eu de querelles avec les divers étrangers qui les
ont visités. Le centenaire racontait que, du temps de son père ,
des pirogues de Tonga-Tabou venaient leur faire du mal. On
conserve , comme autant de trophées, à Tikopia , dans la maison
des esprits, quelques fragmens des pirogues de Tonga-
T a b o u , dont, à cette époque, ils étaient parvenus à s’emparer.
Le nombre ordinaire des enfans dans chaque famille varie
de trois à huit. Il existe quelques exemples de stérilité dans l ’un
et l ’autre sexe. Les accouchemens sont extrêmement faciles;
on ne connaît pas d’exemples de femmes mortes en couche.
Les avortemens n’ont jamais lieu. La durée de la lactation est
de trois ans.