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1828. de la ville ; et nous fûmes de retour à la ville à quatre
D écembre, heiu’es et demie, d’où je me rendis sur-le-champ à
bord.
28. J e dînai chez M. Poutier, ce qui me donna l’occasion
d’examiner son navire. Bien que la Zélée fût un
bâtiment comme le n ô tre , il y avait une différence
inouïe entre la manière dont il avait été armé et aménagé
et ce qui avait été fait pour noire armement.
Cela me rappela encore une fois les tristes épreuves
auxquelles mon amour-propre de capitaine avait été
souvent exposé sur les rades étrangères : mais je me
consolais en songeant du moins que VAstrolabe laisserait
de son voyage quelques traces dans la mémoire
des hommes, tandis que les noms de tant d’autres
navires si pompeux et si brillans seraient à peine
connus, même tant qu’ils seraient en état de servir.
Toutefois je ne puis m’empêcher de faire observer
à nos ministres de la marine et autres agens supérieurs
du gouvernement, qu’à l’avenir il sera plus
honorable de ne destiner à des missions semblables
que des bâtimens armés comme il convient, pour représenter
dignement la nation française. On peut économiser
sur des navires destinés à porter des lettres
à un consul, des chevaux et des fourrages, ou même
à faire l’exploration de la Corse ou d’une côte voisine;
mais quand on doit montrer son pavillon aux
extrémités du globe, à des peuples qui souvent ne
l’ont jamais vu ; quand un bâtiment est précédé par
ce sentiment d’intérêt et de curiosité qui se rattache
involontairement aux missions de découvertes, il n’est
pas permis de rester au-dessous des baleiniers anglais
qui parcourent les mêmes parages.
Malgré l’état habituel d’affaiblissement où je me
trouvais encore, j ’avais résolu de ne point quitter le
Cap sans avoir gravi au sommet du fameux mont de
la Table. La journée du 29 fut consacrée à cette excursion.
Dès quatre heures du matin, je descendis à
terre, où je me joignis à MM. Quoy, Lottin, Lesson
et Jacquemont; puis nous nous acheminâmes tout
doucement vers la montagne.
Le vent du sud qui soufflait déjà avec violence, el
nous jetait beaucoup de sable aux yeux, découragea
M. Quoy dès le commencement; ayant poursuivi
notre ro u te, nous nous arrêtâmes, pour déjeuner,
près d’une jolie cascade, au tiers environ du chemin.
Cela fait, nous nous remîmes en marche; la pente est
rapide, mais on suit constamment un petit sentier bien
frayé, et qui n’offre pas le moindre danger. En bonne
santé, je n ’eusse vu dans cette course qu’une promenade
peu pénible ; mais dans l’état d’abattement où
je me trouvais, j ’étais souvent obligé de me reposer
pour reprendre haleine. Quand la gorge par laquelle
on arrive au sommet commence à se resserrer, son
aspect devient curieux et imposant ; l’oeil mesure avec
étonnement ces énormes assises dont l’ensemble forme
deux immenses murailles presque verticales, et l’on
examine avec intérêt une foule de petites plantes que
Thumidité fait naître dans les flancs caverneux du
rocher.
La plaine qui forme la cime de la montagne de la
1S28.
Décembre.
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