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 tenaient  en  rien  des  Chinois,  ainsi  qu’on  peut  souvent  le  remarquer  
 dans  ceux  des  Malais.  fLeurs  cheveux  sont  noirs,  
 lisses  et  très-longs,  plus  encore  chez  les  femmes.  Les  hommes  
 ont  fort  peu  ou  point  du  tout  de  barbe.  La  teinte  blanche  de  
 leur  peau  est  d’autant  plus  marquée  qu’ils  habitent  les  montagnes  
 ,  où  la  température  est  fraîche  et  le  ciel  assez  souvent  
 couvert  de  nuages.  Ceux  qui  se  tiennent  dans  la  plaine, ou  sur  
 le  bord  de  la mer  ont  une  couleur  un  peu  plus  foncée,  mais  
 qui  ne  va  jamais  jusqu’à  la  confondre  avec  celle  des  Malais.  
 Les  enfans  provenant  d’un  Européen  et  d’une  A lfour  ont  des  
 formes  très-agréables,  comme  nous  l’a  montré  une jeune  personne  
 remarquable par  la  beauté  de  ses  yeux.  Les Alfours  sont  
 petits  de  ta ille ,  bien  faits  et  alertes.  Les  femmes  sont  vêtues;  
 les  hommes  du  peuple  vont  presque  nus,  une  pièce  d’étoffe  
 leur  cache  seulement  la  partie  moyenne  du  corps  :  quelques-  
 uns  portent  une  chemise.  Les  chefs  ont  pris  ou  le  costume  
 européen  dans  lequel  ils  ont  l ’air  empesé,  ou  sont  vêtus  à  la  
 mahométane,  ce  qui  leur  sied  bien  mieux.  Cependant,  et  cc  
 qui  est  assez  particulier,  c ’est  que  ce  peuple  n’est point malio-  
 métan  et  ne  semble jamais  rien avoir  connu  de  l ’islamisme;  ce  
 qui  est  le  contraire  des  Malais  qui  l ’environnent  de  toutes  
 parts. 
 On  n’a  point  pu  nous  donner  de  renseignemens positifs  sur  
 leur  religion ;  tout  ce  que  l ’on  sait,  c ’est  qu’ils  n’ont  point  de  
 culle  extérieur  et  que  leur  croyance  est  toute  spirituelle. 
 Dans  un  état  de  civilisation  qui  parait  très-ancien,  il  n’y   a  
 pas  de  doute  qu’ils  doivent  avoir  une  religion  quelconque;  le  
 soin  qu’ils  donnent  à  leurs  tombeaux,  dans  lesquels  les  corps  
 sont  pliés  en  double  ,  semble  en  être  une  preuve.  II  faut  convenir  
 que  cette  religion  doit  être  aussi  simple  que  tolérante,  
 puisqu’elle  semble  si  peu  les  occuper. 
 Les  Alfours  des  Célèbes  ont  les  moeurs  très-douces,  et  sont  
 bien éloignés de cette  férocité  qu’on reproche à  ceux des autres  
 îles  Moluques  ou  des  terres  de  la  Nouvelle-Guinée.  Voilà  ce  
 peuple dont  nous n’avions  fait qu’entrevoir quelques individu.» 
 dans  notre  premier  voyage  sur  l’Uranie,  lorsque  nous  étions  
 sur Vaigiou.  Parmi  tant  de Malais  et  d’autres  indigènes,  nous  
 ne savions  à  fjuoi  les  rapporter,  puisque  nous  dîmes  qu’il  était  
 possible  que ces  individus  isolés  fussent le  produit  du  mélange  
 d’un  Chinois  avec  une  femme  de  ces  contrées. 
 L e   gouverneur  et  le  résident  M.  Pietermat  voulurent  nous  
 faire  connaître  le  lac  et  la  ville  de  Tondano  ,  situés  sur  une  
 montagne,  à  la  hauteur  de  deux  mille  pieds  et  à  huit  
 lieues  de  Manado.  Ce  voyage  fut  annoncé  plusieurs  jours  
 d’avance  aux  habitans,  afin  que  sur  la  route  ils  reçussent  le  
 gouverneur  avec  tous  les  honneurs  qui  lui  sont  dus.  Ce  fut  
 donc  pour  cette  contrée  de  grands  jours  de  fête  annoncés avec  
 une gravité  et une  importance  rendues  toutes particulières par  
 un  ancien  usage  introduit  par  un  Hollandais.  Lorsque  le  résident  
 donna  ses  ordres  à  deux  chefs  pour  être  communiqués  
 à  ceux  de  l’inté rieu r,  il  tenait  une  grosse  canne  à  pomme  
 d’a rg en t,  comme  sont  celles  des  tambours-majors.  C’était  le  
 signe  que  la  missive  dont  ils  allaient  être  chargés  était  de  la  
 plus grande  importance,  et  que  rien  ne  devait y  mettre empêchement. 
   C ’est  l’usage,  parmi  les  chefs  qui  sont sous la  dépendance  
 hollandaise,  de  porter  une  canne  à  pomme  d ’argent  
 comme  signe  de  leur pouvoir. 
 Nous  partîmes  du  fort  dans  la  matinée ;  le  gouverneur,  le  
 résident  et  quelques  personnes  de  l ’endroit  étaient  à  cheval,  
 ainsi  que M.  d’Urville el  deux personnes du bord. M.  Gaimard  
 et  moi,  dont  la  santé  n’était  pas  encore  entièrement  rétablie,  
 nous  primes  des  palanquins aussi  légers que  commodes,  portés  
 par  des  hommes;  d’autres  palanquins  vides  et  des  chevaux  de  
 main  suivaient  pour  ceux  qui  voudraient  changer  de manière  
 d’aller.  Cent  cinquante  hommes ,  destinés  à  porter  les  palanquins  
 et  les  divers  bagages,  suivaient  en  chantant,  courant  et  
 poussant des  cris;  de  sorte  que,  dans  des  chemins  assez étroits,  
 nous  étions  assourdis  par  un  cortège  assez  bruyant  ;  quelques  
 chefs  de  cette  troupe  joyeuse  galopaient  sur  les  côtés.  
 Nous  marchions  dans  une  route  nouvellement  faite,  très