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VOYAGE
iS a S .
Mars.
Moembe, premier ariki et chef religieux de Manevai
, a voulu être mon ami particulier. Il est âgé de
quarante-cinq à cinquante ans, d’une très-petite taille et
fort laid de sa personne. Les individus qui m’ont paru
ensuite les plus influens sont ; un homme dans la force
de l’âge, robuste, agile et intelligent, nommé Kavali-
k i, puis un troisième dont j ’ai oublié le nom, enfin
notre ami Tangaloa qui se disait frère de Kavaliki et
dont j ’ai déjà signalé la sagacité. Nous avons cru comprendre
que ces deux derniers se donnaient pour être
issus d’un père de Tikopia et d’une mère de Vanikoro,
mais nous ne pourrions pas en répondre.
Moembe et ses compagnons m’ont exactement indiqué
les gisemens de Nitendi ou Indendi, Taumako,
Nation el Warouka. En o u tre , Moembe m’a présenté
deux naturels de Toupoua et de Nitendi, qui ont prononcé
les noms de Mantji, Tchikaïna, et de plusieurs
autres îles situées au N. et au N. O. de Vanikoro.
On doit se rappeler que Tchikaïna est un des noms
donnés jadis à Quiros par les naturels de Taumako,
ce qui me confirma encore l’exactitude de son récit.
• Au coucher du soleil, les sauvages nous ont tous
quittés pour retourner dans leurs cases, et les cinq
Tikopiens sont au contraire revenus dans une pirogue,
afin de passer, comme de coutume, la nuit à
bord. Ils paraissent fort contens de l’accueil et des
procédés des habitans de Manevai à leur égard. Brini-
Warou m’a appris en outre que les chefs allaient
leur fournir une pirogue toute équipée pour retourner
à Tikopia, si je ne m’y opposais pas. Non-seu-
DE L’ASTROUABE. 177
lemenl je leur ai assuré que je donnais mon consentement
a leur départ, mais je leur ai promis des vivres
pour la traversée et des présens au moment de leur
départ ; promesses qui les ont comblés de joie. Pour
dire v ra i, je serai charmé d’être débarrassé de ces
cinq naturels, qui ne m’ont jamais été d’une utilité
ré e lle , et que je n’ai gardés à bord que par un sentiment
de compassion et d ’humanité. A leur p la ce,
j ’embarquerai avec plaisir deux ou trois naturels de
Manevai pour me guider dans mes recherches sur
Nitendi et Taumako. Quelques-uns ont déjà paru
souscrire à mes propositions; d’ailleurs mon ami
Moembe m’a promis de désigner d’autorité deux de
ses hommes pour me servir de guides et d’interprètes.
A trois heures et demie du matin , la chaloupe
et la baleinière se sont mises en roule pour accomplir
leur mission sur la partie occidentale de Vanikoro.
La première de ces embarcations, armée de
quatorze hommes et de quatre p ie rrie rs, est commandée
par M. Guilbert qu’accompagnent MM. Pâris
et Sainson ; sa destination est de draguer divers articles
du naufrage, et surtout de se procurer une des ancres
et un des canons aperçus par le grand canot. M. Gressien
commande la baleinière, et il doit compléter la
géographie de cette partie de Vanikoro, autant qu’il
lui sera possible, après avoir prêté à la chaloupe tous
les secours nécessaires pour accomplir sa mission.
Les deux embarcations emportent deux jours complets
de vivres pour cette expédition , et des objets
d’échange pour s’en procurer en cas de liesoin.
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Mars.