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 VOYAGE DE  L’ASTROLABE. 
 1S 2 S . 
 F év rie r. 
 canot  qui  allait  retourner  à  Vanou  et  à  Païou.  11  
 accepta  de  très-bonne  grâce,  et  parut  tout  décidé  à  
 nous  accompagner  sur-le-champ à bord ;  mais  à mesure  
 que  l’instant  du  départ  approchait,  il  devint  
 rêveur  el  ta c itu rn e ,  et  je  m’aperçus  qu’il  regrettait  
 de s’être autant engagé.  E nfin,  arrivé  près  du  canot  
 qui  nous  attendait  le  long  du  réc if,  son  courage  
 l’abandonna complètement, et il refusa de nous suivre,  
 en  alléguant  que  Nelo  le  tuerait  s’il  se  hasardait  sur  
 son  territoire.  Je  crus  alors  que  ce  motif  n ’était  
 qu’une  défaite  pour  lui  servir  d’excuse,  et  que Tangaloa  
 n’était  arrêté  que  par  sa  défiance  envers  des  
 étrangers  qu’il  connaissait  à  peine.  Bientôt je  devais  
 apprendre  que  l’autre  raison  pouvait  avoir  quelque  
 fondement. 
 Dans les deux villages, les naturels se sont accordés  
 à  désigner spécialement sous le nom de Vanikoro l’île  
 du N . E. sur laquelle se trouvaient le village de ce nom  
 et celui de Tevai. Mais  ils n ’ont point de nom collectif  
 pour la grande île ,  et ils  l’ont divisée en districts  dont  
 les principaux sontTanema, Païou et V a n o u .^ n  conséquence, 
   pour nous  conformer  à  la  désignation  des  
 peuples voisins,  le groupe  entier,  suivant  nous,  portera  
 le  nom  d’îles Vanikoro,  la  grande  île  gardera  le  
 nom de  la  Recherche  que  lui  avait  imposé  d’E ntrecasteaux, 
   la petite  sera  l’île  Tevai,  de  son  principal  
 village qui donnera aussi son nom à la baie de l’est. Le  
 bassin  intérieur  sera  la  baie  de  Manevai,  et  notre  
 mouillage  actuel  sera le  hâvre  d’Ocili ; enfin les  deux  
 canaux  par  où l’on  pénètre  dans la  baie  de  Manevai, 
 seront les passes de l’est et du nord. Deux des pointes  
 de  l’est  de  l’ile  de  la  Recherche  ont  été  nommées  
 Pointe  de  l’Astrolabe  et  Pointe  Dillon,  Les  autres  
 baies  et  caps  ont  leurs  noms  des  villages  voisins ou  
 des  districts  sur lesquels ils  se trouvent  i . 
 En traversant deux fois la passe de l’est, j’ai reconnu  
 avec joie  qu’elle  était  moins  difficile  q u e je   ne  l’avais  
 jugée au premier abord. M. Gressien,  qui  a  employé  
 une  partie  du jour à la sonder , m’en a rendu le même  
 compte. Il a vérifié en  oulre que  le  bassin de Manevai  
 offrait  un  mouillage  excellent.  Une fois la passe bien  
 balisée,  il  me  sera  possible d’y engager  la  corvette,  
 car je  ne  puis  me  dissimuler  qu’elle  ne serait  pas  du  
 tout en  sûreté  sur  la  rade d’Ocili,  si nous  étions assaillis  
 par  de  forts  vents et une grosse mer de l’est. 
 Un dernier voyage de la chaloupe  a complété notre  
 provision d’eau. Le coup de seine de la soirée a encore  
 procuré  une pêche  abondante. 
 Demain  M.  Jacquinot,  accompagné  de MM.  Lottin, 
  Sainson,  Dudemaine  et  Lesson,  partira dans le  
 grand canot pour  faire  une seconde  excursion autour  
 de  l’île,  et  chercher  de  nouveau  le lieu du naufrage.  
 Il était convenu entre Hambilton el moi que cet Anglais  
 resterait à  Païou ,  dans l’espoir d’interroger plus facilement  
 les habitans et de mieux gagner leur confiance,  
 quand une fois il serait seul  parmi  eux ;  il  devait être  
 repris  dans  un  voyage  subséquent  du  grand  canot. 
 '  Plus  la rd,  la  pointe  orientale  de  T e v a i  fut  appelée  pointe de  la  Bayon-  
 r.aise,  du  nom  du  navire  que  commandait M.  L e   Goaranf. 
 Février, 
 I