
 
        
         
		S"Y 
 on  y  montait par un  vaste  escalier  en  ébène  :  elle  est entourée  
 d’eau  et  paraît  construite  sur  pilotis ,  à  la manière de  celles des  
 babitans. 
 Nous  étions  d’autant  plus  agréablement  surpris  que  nous  
 nous attendions  à  trouver tout  au plus,  sur  le»  bords de  ce  la c ,  
 un  abri  élevé  à  la  bâte  pour  y   passer  la  nuit.  L ’activité  et  la  
 vigilance  de M.  le  résident  y  avaient  fait  transporter  toutes  les  
 choses  utiles  à  l’existence.  Dès  son  arrivée,  M.  Merkus  avait  
 eu  la  bonté  de  faire  rechercher  toutes  les  productions  d’histoire  
 naturelle  que  les  environs  pouvaient  fournir;  de  sorte  
 qu’elles  arrivaient  de  toutes  p a rts,  et  je  n’avais  d’autre  peine  
 que  de  les  décrire.  D ’un  autre  côté,  M.  Guilb ert,  officier  du  
 b o rd ,  chassait  les  oiseaux  du  lac  pendant  que  M.  Sainson  
 dessinait  les  vues  les  plus  remarquables.  Le  lendemain,  
 M.  d’U rv ille ,  muni  d’une  .sonde  de  deux  cents  brasses,  et  
 accompagné  de MM.  Gaimard  et  Sainson,  alla  sonder  le  lae  
 auquel  il  ne  trouva  que  quelques  brasses  de  profondeur  dans  
 son  milieu.  On  compte  à  ce  lac  onze  milles  de  longueur;  il 
 a  beaucoup moins  de  largeur  :  dans  une  partie  de  son  étendue, 
   11  est  dominé  par  une  montagne  bien  boisée,  quoique  
 ses  environs  soient  dépourvus  de  bois.  Rien  ne  s'oppose  a 
 (>3.5 
 croire que  c ’est  un  ancien  cratère  irrégulier,  mais aujourd’hui  
 tellement  déformé  et  encombré  d’argile  ,  qu’aux  environs  on  
 a  de  la  peine  à  trouver  des  roches  pour indiquer le  fondement  
 du  sol.  Les  bords  sont  couverts  de  roseaux  et  son milieu  de  
 plantes  aquatiques. 
 C’est  le  séjour  des  hérons  et . des  poules-d’cau.  On  trouve  
 dans  ses  eaux  deux  seules  espèces  de  poissons a.sscz médiocres  
 pour  le  goû t;  elles  appartiennent  spécialement  au  la c ,  quoiqu’elles  
 puissent  se  trouver  dans  la  rivière  qui  y   prend  sa  
 source;  mais  d’autres espèces ne  peuvent  s’y  joindre  naturellement, 
   parce  que  peu  après Tondano  la  rivière  entière  se  précipite  
 en  cascade  de  plus  de  soixante  pieds. 
 Jadis  toute  cette ville  était  construite  sur  le  lac ,  et  l ’on  ne  
 communiquait  d un e   maison  à  une  autre  qu’en  bateau.  Forts  
 de  cette  disposition  ,  en  i8 io   les  habitans  de  Tondano  eurent  
 des  démêlés  avec  les  Hollandais  et  voulurent  secouer  leur  
 jo u g ;  ils  s’armèrent  et  furent battus.  Ce  ne  fut  pas  sans  peine  
 qu’on  en  vint à  bout;  il  fallut y   porter  de  l’artillerie  et  construire  
 des bateaux  canonniers.  Depuis ce  temps,  et pour éviter  
 cet  inconvénient,  on  a  défendu  aux  indigènes  de  construire  
 leurs  habitations sur le lac.  En  effet,  la  ville  s’agrandit  sur  la  
 terre  ferme;  et,  dans une  promenade sur l ’eau,  je vis  les  ruines  
 de  leurs  anciennes  demeures.  J’en  vis  aussi  d’habitées,  tellement  
 vieilles  qu’elles  croulaient  de  toutes  parts  et menaçaient  
 de  tomber  dans  l ’eau.  M.  Pietermat  m’apprit  qu’ils  tiennent  
 singulièrement  à  ces  vieux  édifices  pourris,  et  qu’on  a  beaucoup  
 de  peine  à  les  leur  faire  abandonner  pour  en  construire  
 de  plus  solides  :  il  se  rattache  à  ce  goût  quelques  idées  r e l i gieuses. 
 Rien  ne  ressemble plus  aux  habitationspaludiennes  du  pays  
 dans  lequel  je  suis  n é ,  que  traverse  et  que  forme  la  Sèvre  
 niortaise  avant  d’aller  se  jeter  à  la  mer;  e t,  .sur  une  montagne  
 placée presque  sous  l ’équateur,  je  retrouvai,  pour ainsi  
 dire,  les  huttes,  les  roseaux  et  les  eaux  marécageuses  du  département  
 de  la  Vendée. 
 D f