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 tenu  dans le service ordinaire ,  se  représentent également  
 dans ces grandes navigations,  avec cette nuance  
 qu’ici  une  vigilance  infatigable  est  toujours  de  rigueur, 
  attendu la  proximité  des  côtes  inconnues  que  
 l’on  prolonge.  En  outre,  il  y  a  cette  différence,  que  
 ces  occupations  ne  deviennent  qu’un  objet  d’un  mérite  
 secondaire  dans  le dernier  cas.  Dans  le  service  
 habituel,  après  avoir  fait  son  q u a r t,  l’officier  peut  
 se  livrer  au  repos  ,  au  jeu  ou  à  tout  autre  délassement; 
   en  reconnaissance, tous ses  loisirs doivent être  
 consacrés  sans  exception  aux  observations ,  aux calculs  
 et à  la  construction  des  cartes.  Quelle immense  
 supériorité  ne  doivent  pas  acquérir  sur  leurs  collègues  
 les  sujets capables  de se  dévouer  à  une  pareille  
 activité ! 
 Nos  navires  de  guerre et de  commerce  ne  vont jamais  
 sur ces mers ,  il est  donc inutile  de les  faire connaître  
 avec plus de précision... Singulier raisonnement,  
 qui n’a  pu  se  loger que  dans  des  têtes bien  étroites  !  
 Parce qu’une chose n’a pas  lieu pour le moment, parce  
 que son  utilité immédiate n ’est point en évidence, doit-  
 on conclure d’une manière définitive contre son importance  
 à venir? Divers  Etats  indépendans viennent  de  
 se constituer sur les rives occidentales de l’Amérique;  
 ils exigent  déjà la présence  assidue  d’une de  nos  divisions  
 navales  ;  un  empire  tout entier germe en ce moment  
 sur  les  plages  naguère  désertes  de  l’Australie ;  
 les  îles même  de  l’Océanie  s’ouvrent  par  degrés  aux  
 lumières  du  christianisme  et  de  la  civilisation,  qui 
 pourra nous  répondre que  la  France  devra  toujours  
 rester étrangère aux combinaisons politiques,  aux re lations  
 commerciales  qui  résulteront  sous  peu  d’années  
 de  ce nouvel  état  de choses ? L’Océan-Pacifique  
 tout  entier est  annuellement labouré par une centaine  
 de navires  baleiniers anglais et américains. Les nôtres,  
 encouragés par de fortes  primes ,  ont  déjà tenté  cette  
 carrière  avec  succès.  Les marins  français  qui  se  formeraient  
 dans  les  expéditions de découvertes ,  ne de-  
 viendraient-i!s  pas d’utiles  et  habiles  pilotes pour  ces  
 entreprises?  Pour m o i, je pense que  leur  présence à  
 bord des  baleiniers  serait  d’un  avantage  plus  efficace  
 que les primes même  qu’on  peut  leur  offrir,  surtout  
 SI  l’on  avait soin  de  recommander  aux  capitaines  en  
 découvertes,  de recueillir avec soin toutes  les notions  
 possibles  sur  les  parages  et les  saisons  les  plus  convenables  
 à  cette pèche. 
 Enfin,  malgré  nos  voeux,  la  paix  peut  fort  bien  
 n’être point éternelle entre  la  France et  l’Angleterre,  
 ou  les  Etats-Unis.  L’exemple  de  l’intrépide  P orter  
 ne  nous  a-t-il  pas  démontré  quel  tort  un  seul  bâtiment  
 de  guerre  bien  commandé,  adroitement  conduit, 
   peut causer au commerce dans  ces mers?Et notez  
 bien que ce  commerce  n’avait  pas  acquis,  à cette  
 époque, le tiers du développement qu’il a de nos jours.  
 Mais ,  pour arriver à  ce b u t ,  il faudrait posséder  des  
 officiers  et  des  matelots  qui  connussent  à  fond  ce  
 genre de navigation , qui fussent bien pénétrés des ressources  
 que l’on peut se créer sur les lieux mêmes,  et  
 qui  pussent  surtout  naviguer  à  travers  cet  immense