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 formes  extérieures  de  culte;  mais  ils disent qu’ils  aiment l ’être  
 suprême,  à  cause  de  sa  bonté  envers  eux. 
 Ils  regardent  le  contrat  du mariage  comme  une  obligation  
 sacrée,  et  il  doit  être  célébré  en  présence  du  roi  ,  ou  de  l ’un  
 des principaux  officiers  de  Sa Majesté ,  dûment  autorisé  et  délégué  
 à  cet  effet.  Avant  qu’un  contrat  semblable  soit  formé,  
 aucune  restriction n’est  imposée  aux  deux  sexes,  et  les  femmes  
 non  mariées  peuvent  accorder  leurs  faveurs  à  qui  leur  convient, 
   sans  encourir  aucuns  reproches ,  et  sans  éprouver  au cune  
 sorte  de  remords.  Mais  une  fois  mariées,  un  faux  pas  
 deviendrait  une  infamie.  Une  femme  enceinte,  qu’elle  soit  
 mariée  ou  n on ,  est  considérée  avec  honneur  et  respect;  
 elle-même,  justement  fière  de  sa  fécondité,  est  bien  éloignée  
 de  prendre  aucunes  précautions  pour  cacher  son  état.  
 Un  jeune  naturel  en  recherche d’une  épouse  accorde  généralement  
 la  préférence  à  celle  qui  a  déjà  donné  une  preuve  si  
 authentique  de  son  aptitude à se  former une  famille. 
 Leurs  cérémonies  funéraires  ont  aussi  quelque  chose  de  singulier. 
   A   la  mort  d’un  proche  parent,  on  s’abstient  de  toute  
 espèce  de  nourriture  durant  quarante-huit  heures  ;  et  durant  
 un  mois  on  ne  mange  autre  chose  que  des  fruits,  en  
 se  privant  entièrement  de  poisson,  qui  est  la  plus  grande  
 friandise  du  pays.  Pour  la  perte  d’un  père  ou  d’un  époux,  
 on  se  retire  en  outre  dans  une  solitude  sur  les montagnes  
 l ’espace  de  trois  mois.  Mais  la  vérité  me  fera  ajouter  une  
 autre  circonstance  que,  pour l ’honneur de  la nature  humaine,  
 je  voudrais  pouvoir  passer  sous  silence.  La   mort  du  roi  ou  
 d’un  chef p rincipal est  toujours  célébrée  par  des  sacrifices  humains!... 
   Plusieurs  hommes,  femmes  et  enfans,  sont  choisis  
 pour  lui  servir  de  cortège  d’honneur dans le monde des esprits,  
 et ils sont  fiers  de  cette  distinction ,  car  ils  sont  enterrés  dans  
 le même  tombeau que  lui  !...  Dans ces occasions,  et  durantles  
 deux mois  qui  suivent les  funérailles  d’un  ch e f,  il n’est permis  
 à  aucune pirogue de  flotter sur  l ’eau.  Un  petit nombre  de missionnaires  
 auraient bientôt  dissipé  ces  ténèbres  superstitieuses. 
 J’ai  déjà  dit  que  la  race  indienne  qui  habite  les  deux  îles  de 
 l ’O ues t,  et  la  race  noire  qui occupe  les  deux îles de  l ’E s t ,  sont  
 souvent  en  guerre,  mais  je  n’ai  pas  encore  mentionné  leur  
 manière  de  commencer  et de poursuivre  les  hostilités. D’apres  
 tout  ce  que  j ’ai  pu  apprendre,  voici  la  marche  ordinaire  de 
 leurs  opérations. 
 Si  les  insulaires  de  l ’Ouest  ont  reçu  ou  croient  avoir  reçu  
 de  leurs voisins  de  l ’Est  quelque  injure,  par  un  agent  dûment  
 autorisé  pour  cette  mission,  ils envoient  aux  agresseurs l’avis  
 que  dans  cinq jours ,  à  partir  de  oc moment (car ils  procèdent  
 toujours  par  avis  de  cinq  jou rs ),  à  telle  heure  et  dans  tel  end 
 roit,  un  certain  nombre  de  guerriers  débarquera  d’un  nombre  
 désigné  de  pirogues  sur  leur  territoire,  armé  et  équipé  de  
 telle  et  telle manière;  enfin  ,  que  des négociations  seront entamées  
 au  temps  et  au  lieu  indiqués,  relativement  aux  explica-  
 lions  à"donner et  aux  réparations  à  exiger. 
 Le  débarquement,  la  conférence  et  la  négociation,  tout  a  
 lieu  en  conséquence ;  et  si  le  sujet  de  la  querelle  est arrangé  à  
 l’amiable ,  l’affaire  se  termine  par  un  festin,  et  les  deux  partis  
 sont  satisfaits  ;  mais,  si  l ’on  ne  peut  tomber  d’a ccord,  on  a  
 recours  à  la  voie  des  armes.  Un  nombre  égal  de  guerriers  
 vient se mesurer  avec  les  pla ignans,  et  la  raison  du  plus  fort  
 en  décide.  Durant  une  demi-heure,  ils  combattent  comme  
 des  tigres  furieux,  distribuent  la  mort  et  les  blessures  sans  
 réserve et sans pitié ; puis ils  sc  séparent,  comme d’un  commun  
 accord,  et se  reposent le  reste  du  jour.  Les deux  partis  restent  
 près  du  champ  de  bataille,  occupés  à  enterrer  leurs morts  et  à 
 soigner leurs blessés. 
 Le jo u r  suivant,  quand les deux  troupes  ont déclaré  quelles  
 étaient  prêtes,  le  combat  recommence  avec  une  nouvelle  
 ardeur,  et  dure  deux  fois  plus  long-temps  que  la  v eille ,  a  
 moins  qu’un  des  partis  ne  quitte  la  p la c e ,  et  ne  cède  la  
 victoire  à  l’autre.  Dans  le  cas  contraire,  au bout  d’une heure  
 d’un  combat  opiniâtre,  ils se  séparent de  nouveau , mettent  de  
 côté  leurs  armes,  et  s’aident  mutuellement  à  enterrer  leurs  
 morts  et  à  panser  les  blessés,  de  la  manière  la  plus  amicale.  
 Le  troisième  jo u r ,  le  sort  de  la  campagne  est  décidé.  Ils  coin