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1828. Vers dix heures du matin, en compagnie de plu-
2 7 Décembre, gieurs officiers de l’Astrolabe e t de la Zélée, et montés
dans deux bonnes voitures de louage, nous nous
sommes acheminés vers le Petit-Constance, dont je
désirais visiter les vignobles et les celliers. La route
que nous suivîmes est fort triste, bordée de terrains
bas, sablonneux, et le plus souvent incultes. La végétation
particulière à ces plages offre bien des plantes
intéressantes pour le botaniste, mais dont l’effet
général n’a rien de gracieux.
Arrivés au Petit-Constance, nous fûmes reçus avec
beaucoup de politesse par le propriétaire M. Colyn;
il nous montra avec la plus grande complaisance ses
beaux vignobles et ses superbes celliers, où repose
sur deux rangs de foudres admirablement tenus tout
ce qui lui reste de vingt ou trente récoltes de ses précieux
vins.
Bien que j ’eusse eu le soin de prévenir M. Colyn que
la curiosité seule nous attirait dans son établissement,
et qu’aucun de nous n ’avait l’intention de faire d’affaires
avec lui, il n’eut point de repos qu’il n’eût réussi
à nous faire asseoir dans son cellier, et à nous faire
déguster successivement tous ses vins. Ainsi nous
passâmes tour à tour en revue le constance blanc et
le rouge, le pontac et le frontignan de Constance ;
enfin le léger muscadelle. Tous ces vins me parurent
délicieux, surtout les deux premiers, et vraiment
supérieurs à nos meilleures qualités en France. Je les
trouve même préférables aux vins les plus estimés
de la Crèce et de l’Espagne. Mais leurs prix sont
aussi fort élevés, attendu qu’ils se vendent au moins
200 rixdales, environ 460 francs, l’alverame (mesure
de quatre-vingt-dix bouteilles), et que M. Colyn n ’en
livre pas à moins d’un al ver ame à la fois. Le clos du
Petit-Constance rapporte de trente à quarante alve-
rames par an, et le terrain contigu au clos n’est déjà
plus favorable à la culture de cette vigne.
Le Crand-Constance, possédé par M. Clootz, n’en
produit pas davantage; le Nouveau-Constance est
aussi du meme rapport, mais le vin est inférieur à
celui des autres vignobles p o u r la qualité.
Chez M. Colyn, on me fit voir un jeune Boscbis-
man, âgé de douze ou quinze ans, qui, sans être tout-
a-fait difforme, avait le type de cette race disgraciée
par la nature. En parlant, dans son idiome, il faisait
entendre d ’une manière très-prononcée ce claquement
singulier de langue observé par tous les voyageurs,
et qui donne pour désinence à la plupart des mots un
son approchant de celui des lettres nq réunies. Du
reste, cette articulation paraît tenir plutôt à la prononciation
nationale qu’à l’organisation particulière
de ces hommes, attendu que cet individu ne faisait
plus du tout entendre ce son en prononçant des mots
étrangers à sa langue.
Nous revînmes par une route beaucoup plus agréable
que la première; elle est souvent ombragée par
de riantes allées de beaux chênes , et bordée de
maisons de campagne fort agréables. Nous nous
arrêtâmes quelque temps chez M. Farign, riche brasseur,
qui possède une charmante habitation près
18 2 S .
Décembre,
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