1827.
Décembre.
nord et à la suite de violentes rafales de cette partie ;
double condition nécessaire pour transporter rapidement
les colonnes d’air échauffé, des terres de la Tasmanie
, sur la partie de la mer qui baigne la côte méridionale
de cette île.
J ’avais voulu mettre à la voile, dès troisheures après
midi, pour quitter la position hasardeuse où nous
nous trouvions ; car nous étions exposés à être poussés
par le vent sur la côte rocailleuse de l’île aux P e rdrix.
Mais le vent ayant redoublé de force , il m’avait
fallu renoncer à cette opération. A quatre heures
quarante m inutes, une rafale furieuse nous fit chasser,
et je conçus quelques inquiétudes. Heureusement
quinze brasses de câble filé nous arrêtèrent. Enfln,
a six heures , le vent s’étant bien modéré, je mis à la
voile ; au moment même où l’ancre fut haute, la brise
sauta subitement du S. O. au S. et au S. E ., ce qui
nous favorisait singulièrement pour donner dans le
canal. Grâce à cette circonstance et aux plans du
voyage de d’Entrecasteaux , j ’eus bientôt doublé l’île
aux Perdrix , la corvette fila rapidement sur les eaux
tranquilles du grand bassin intérieur, et à huit heures
elle laissa retomber l’ancre à un mille du petit
îlot du Satellite. Là, du moins, l’J stio lah e esikVahvi
de tout danger, et nous pouvons tous dormir tranquilles.
Sur le morne qui domine la rive septentrionale du
goulet de la pointe Riche, nous distinguons un mât
de signaux, premier indice de la civilisation européenne
en ces cantons. Sans doute, cette vigie correspond
avec celle d’Hobart-Town , et le gouvernement iSi,.
de la colonie connaît déjà notre arrivée. Trente-cinq Récranbie,
ans auparavant, d’Entrecasteaux n ’avait rencontré
dans cette contrée que quelques misérables sauvages ,
e t , dix ans après lu i, les compagnons de Baudin
avaient trouvé ce sol complètement désert.
De toutes parts, et notamment sur file Bruny,
de vastes incendies dévorent les herbes desséchées
et les broussailles. Comme les indigènes ont quitté
définitivement ces parages , nous ne pouvons attribuer
ces embrasemens qu’aux colons cjui emploient
ce moyen pour déblayer les terres qu’ils veulent
défricher. Les vapeurs épaisses qui en résultent nous
ont empêchés de saisir bien clairement tous les acci-
deus du canal d’Entrecasteaux ; toutefois nous en
voyons assez pour apprécier toute son importance.
Au mouillage devant l’île aux P e rd rix , nous avons
observé que, de six heures à midi, le courant a porté
assez régulièrement au S. S. O. hors de la baie, avec
une vitesse d’un noeud. De midi à deux heures après
midi, les eaux ont été é tale s, et après deux heures
sa direction était celle de l’E. avec une vitesse de
0", 7.,
xV huit heures quarante minutes du ma tin, la cha- , 8.
loupe fut mise à la mer. A dix h eu re s, voyant que
la brise fixée au N. E. ne nous permettait point d’appareiller,
j ’envoyai le grand canot à terre avec les
naturalistes et plusieurs officiers pour vaquer à leurs
observations.
La brise ayant sauté subitement au S. E. vers onze