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 quelques  localité.»  moins  brûlantes  que  présentent  les  revers  
 des  montagnes.  Il  n’y  a  que  cinq  ou  six  ans  qu’on  a  commencé  
 à  le  cultiver en grand,  et déjà  les plantations sont dans  
 le plus grand rapport.  On peut  donner  d’autant plus  d’exten-  
 .sion à  ce  commerce  qu’on  ue  doit  pas  craindre  de  long-temps  
 que la  main  d’oeuvre  n’excède  le produit.  Tout ce que pourra  
 fournir Célèbes  en  café  sera  consommé  dans  les  Indes;  et  si  
 quelque  jour  il  y  avait  surabondance,  les  navires  d’Europe  
 viendraient par Java en maintenir le prix à un  taux convenable  
 pour  offrir  nn  assez  grand  gain  aux  propriétaires.  Le  comptoir  
 de  Manado  fournit  aussi  de  bon  riz  aux  îles  environnantes. 
   La guerre que les Hollandais  ont à  soutenir contre les  
 insulaires  de  Java  a  forcé  de  cberchcr  partout  des  soldats;  
 on  a  essayé  d’y  faire  servir les Alfours.  Ces recrutemens,  qui  
 ne  doivent  s’opérer  que  par  des  subtilités  dans  lesquelles  les  
 chefs doivent nécessairement  entrer,  ne  peuvent qu’être  défavorables  
 à la tranquillité des établissemens hollandais,  surtout  
 dans  des îles dont  ils ne possèdent,  comme à Célèbes,  que  de  
 petites  portions  :  les  autorités  ne  les  font  qu’à  regret.  Nous  
 vîmes  chez le  résident un détachement de  ces nouveaux soldats  
 qui se  regardent comme engagés dès qu’ils ont reçu le moindre  
 effet  des Européens ;  et  ce qu’il y a  de plaisant,  c’est que dès-  
 lors  ils  se  regardent  comme  chrétiens.  Ainsi  un  chapeau,  un  
 mouchoir équivaut pour  eux au baptême.  Le  sultan de Banda  
 a envoyé mille  Alfours à Java  pour y  faire  la  guerre  sous  les  
 Hollandais. 
 Je ne dois pas passer sous silence ce que les Européens nomment  
 un mariage de Célèbes ;  c’est la facilité qu’a tout voyageur  
 qui  arrive  dans  ce  pays  de  prendre  une  femme  qu’il  garde  
 pendant tout le temps qu’il y réside, moyennant un  accord fait  
 avec le  père  ou  les  parens plutôt qu’avec  la femme  elle-même.  
 C’est  moins  de  l’argent  qu’on  exige  que  des  étoffes  ou autres  
 effets plus  utiles  que l’argent pour ce peuple.  La femme  reçoit  
 naturellement aussi quelque chose ; mais si elle ne se  comporte  
 pas  bien ,  le  loueur peut la  renvoyer à  ses  parens,  et  reprendre  
 smon  tout,  du moins une partie de ce  qu’il a avancé. A son  
 départ,  la femme devient  libre.  Et  les  enfans?....  Les  enfans  
 sont probablement abandonnés  à  l’humanité  des  deux  parties.  
 Les  voyageurs  ont  considérablement  exagéré  ce  qu’il  y  a  de  
 vrai  dans  cet usage,  qu’il  faut,  je  crois,  restreindre à  ce  que  
 nous venons d’en  dire  :  ce  qui  est certainement bien assez fort. 
 Pendant le  temps que nous  demeurâmes encore  devant Manado  
 ,  le gouverneur né  négligea  rien  pour  nous  procurer  ce  
 que  les environs pouvaient  offrir  en objets d’histoire naturelle,  
 comme mammifères,  reptiles  et poissons  tant  d’eau  douce  que  
 de mer.  Il  donna  à  l’expédition  deux  très-beaux  babiroussas  
 vivans mâle et femelle,  et un troisième  que  nous  empaillâme.s  
 après  l’avoir mangé.  La  chair  de  cet  animal  est  la  même  que  
 celle  du  cochon  de  ces  pays.  Mais  ce  qui  sera plus  agréable  
 aux naturalistes  du  Jardin  du  R o i,  c’est  la  découverte  d’une  
 antilope  qui  tient  autant  de  cet  animal que  du buffle  :  on  la  
 nomme  sapioulang  ou  vache  des  bois.  Il  fallut  sans  doute  
 envoyer beaucoup de gens à cette chasse pour nous en procurer  
 trois  individus. 
 On  nous  apporta aussi un  grand  nombre  de  serpens  vivans  
 et intacts dont quelques-uns parai.ssaient très-dangereux.  Nous  
 ignorons  comment  ces  insulaires peuvent,  au  travers  des bois  
 et des fourrés,  saisir ces animaux sans danger et  sans leur faire  
 de mal. 
 Nons  devons  aussi  des remerciemens  à  M.  le  résident  pour  
 son  obligeance  particulière,  et  surtout  pour  l’empressement  
 qu’il mettait à remplir les intentions généreuses du gouverneur.  
 En  cela,  nous  ne  nous  sommes  jamais  mépris;  et  malgré  le  
 caractère  communicatif de M.  Pietermat,  sans  la présence  de  
 M. Merkus,  nous  n’eussions  obtenu  qu’une bien faible  partie  
 des choses que  nous  avons  eues,  tant la  réserve  des  employés  
 hollandais  est grande.  En  retour,  nous  n’eûmes  à  offrir à  ces  
 messieurs que  des  livres;  c’est  alors que j’aurais voulu avoir à  
 donner au gouverneur  plus d’un  exemplaire de notre Zoologie  
 de V Uranie.