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Juillet.
terraat nous attendaient, et faisaient expédier en avant
le bagage, les vivres et les objets nécessaires pour le
voyage.
Déjà le kapala-balak, ou chef de Kema, venait
d’envoyer au gouverneur un beau sapi-outang que
ses gens avaient tué à la chasse. Cet animal, de la
grosseur d’une petite vache, en a le museau, les pattes
et l’aspect géné ral, avec deux cornes épaisses et
légèrement rabattues sur l’arrière. Cette ressemblance
l’a fait nommer par les Malais sapi-outang, de
sapi vache, et outang des bois. Son poids est de deux
a trois cents livres, et son obésité est très-remarquable,
surtout pour le genre des antilopes, dans lequel
il a été rangé sous le nom à'antilopa depressicornis.
J ai remercié M. Merkus de cette importante acquisition,
et j’ai donné l’ordre aux canotiers de transporter
sur-le-champ cet animal à bord pour qu’on
pût s’occuper de sa préparation.
Une population considérable emplissait les cours
de la résidence, les uns empressés d’offrir leurs services,
le plus grand nombre sans doute attirés par
la curiosité et le désir de voir ces étrangers qui n’avaient
jamais paru dans leur île, et pour lesquels leur
chef souverain, le gouverneur, déployait tant d’égards.
J ’aimais à considérer toutes ces figures, et à
y démêler la plupart des traits que j’avais déjà observés
dans les diverses peuplades de la Polynésie, surtout
à Taïti et à Tonga. Combien j’aurais désiré connaître
leur langue, afin de pouvoir les questionner,
et obtenir d’eux une foule de renseignemens touDE
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chant leurs usages, leurs opinions et leurs traditions!...
Les chefs faisaient tous leurs efforts pour établir
quelque ordre au milieu de cette foule. Ayant observé
cependant que nos paquets el nos bagages étaient enlevés
comme à l’assaut par des hommes qu’il était
impossible de reconnaître, je témoignai à M. Pieler-
mat quelque inquiétude sur leur sûreté ; il me répondit
qu’à cet égard je ne devais pas avoir la plus
légère crainte, attendu qu’aucun naturel n ’oserait se
permettre de soustraire la plus mince bagatelle des
objets qui leur étaient confiés. Ce serait un fait inouï,
, et qui ne pourrait point d’ailleurs échapper à la surveillance
des chefs.
MM. Jle rk u s , Pietermat, Guilbert et moi, nous
montâmes sur de petits chevaux pleins de feu et d’une
allure fort douce, accompagnés de plusieurs domestiques
à cheval, et suivis par une foule considérable
qui nous tenait lieu de cortège. M5L Quoy, Gaimard,
et un capitaine hollandais nommé Rumboldt,
avaient préféré faire le voyage en palanquin, sorte de
chaise à bras portée sur les épaules de quinze ou
vingt hommes qui se relayaient de demi-heure en
demi-heure, et qui cheminaient d’un pas très-rapide.
Nous traversâmes d’abord la ville de Manado, percée
de rues larges, bien alignées, et bordées de jolies
palissades de sagoutier. Les maisons sont vastes, bien
construites, bâties en b o is, et exhaussées sur des
pieux solides à douze ou quinze pieds au-dessus du
sol; cette dernière circonstance leur imprime un ca-
1828.
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