^ 1827 La chaloupe, envoyée à l’eau dans la matinée, à
" quelques milles de Hobart-Town, n ’est revenue qu’à
une heure après midi et n ’a pu faire que quatre tonneaux
d ’une eau très-sale, tant le courant qui alimente
Taiguade est devenu maigre. Cette considération m’a
déterminé à faire prendre Teau dans la ville même,
comme les navires anglais qui sont sur la rade.
Nous avons voulu envoyer nos ouvriers travailler
dans les ateliers; mais les Anglais s’y sont formellement
opposés. C’est aujourd’hui Noël, oxxChrislmas
en leur langue, fête solennelle chez eux. Les personnes
d’un certain rang la célèbrent en famille, et les
hommes du peuple par des orgies et des excès de tout
genre. Du re ste , il est strictement défendu de tra-
vadler dans ce grand jour. L’urgence extrême de nos
besoins n ’a pu servir d ’excuse suffisante. Ce n’est
pas la première fois que je remarque combien les prétendus
réformistes sont plus superstitieux et plus in-
tolérans que les catholiques eux-mêmes dans ces sortes
de prohibitions.
Quelques matelots, qui avaient reçu la permission
de se promener en ville, ont aussi fêté en même temps
Noël et Bacchus. Il s’en est suivi des rixes, des injures
et des voies de fait entre les individus des deux
nations. Ces fâcheux excès m’ont forcé à tenir de plus
près à bord nos indociles marins.
Le grand canot, en deux voyages, a apporté à
bord tous les vivres de remplacement, les deux ancres
a je t et la petite chaîne. Dès le matin, la chaloupe a
été envoyée à l’eau; cette opération est pénible, en ce
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qu’il faut rouler très-loin les tierçons pour les remplir.
En outre, la canaille anglaise, encore plongée dans
l’ivresse, vient chercher querelle à nos matelots, qui
ne sont que trop disposés à lui riposter.
J ’ai dîné chez le gouverneur; il y avait peu de
monde au repas, mais la réunion qui l’a suivi a été
fort nombreuse, et l’on a long-temps dansé. M. de
Sainson avait apporté ses nombreux dessins, et ils
ont été l’objet de l’admiration générale.
Toute la jo u rn é e , le vent a soufflé avec violence de
rO . N. O. à rO . S. o . , et il s’est calmé dans la nuit.
Tout le biscuit de campagne a été embarqué, savoir
onze mille sept-cent-soixante livres.
J ’ai d îné, avec MM. Gressien, G u ilb e rt, Faraguet,
Dudemaine et Sainson, à la table des officiers d e là
garnison. Le repas a été fort agréable et beaucoup
mieux servi que tous ceux que j ’avais déjà partagés
dans la colonie.
MM. Gaimard, Lesson et Bertrand se plaignent
vivement de douleurs d ’entrailles.
A dix heures du ma tin, je me suis transporté à
bord du Persian, pour remettre moi-même au capitaine
Plunkett une caisse en fer-blanc, pesant trente
livres environ et contenant le courrier de l’Astrolabe
avec toutes les pièces relatives à l’expédition. P ar
cette occasion, j ’adresse au ministre le rapport des
opérations du voyage, depuis le départ de Port-Jack-
son jusqu’a Hobart-Town, des doubles des dessins de
MM. Sainson, Paris et Quoy; les descriptions zoologiques
de ce dernier et nos expériences du thermomé-
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