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 "   quelques milles de Hobart-Town,  n ’est  revenue  qu’à 
 une  heure après midi  et n ’a  pu  faire  que  quatre  tonneaux  
 d ’une eau très-sale, tant le courant qui alimente  
 Taiguade  est devenu  maigre.  Cette  considération m’a  
 déterminé  à  faire  prendre  Teau  dans  la  ville même,  
 comme les  navires  anglais  qui  sont sur la rade. 
 Nous  avons  voulu  envoyer nos  ouvriers  travailler  
 dans  les  ateliers;  mais  les  Anglais s’y  sont formellement  
 opposés.  C’est aujourd’hui Noël,  oxxChrislmas  
 en leur langue,  fête  solennelle  chez  eux.  Les  personnes  
 d’un certain rang la célèbrent en famille, et les  
 hommes du peuple par des orgies  et  des excès de tout  
 genre.  Du  re ste ,  il  est  strictement  défendu  de  tra-  
 vadler dans  ce grand jour.  L’urgence extrême  de nos  
 besoins  n ’a  pu  servir  d ’excuse  suffisante.  Ce  n’est  
 pas  la première fois que je remarque combien les prétendus  
 réformistes sont  plus superstitieux et plus  in-  
 tolérans que les catholiques eux-mêmes dans ces sortes  
 de prohibitions. 
 Quelques matelots,  qui  avaient reçu la permission  
 de se promener en ville, ont aussi fêté en même temps  
 Noël  et  Bacchus.  Il  s’en  est  suivi  des  rixes,  des  injures  
 et des  voies de fait entre  les  individus  des  deux  
 nations.  Ces fâcheux excès m’ont forcé à tenir de plus  
 près  à bord  nos indociles marins. 
 Le  grand  canot,  en  deux  voyages,  a  apporté  à  
 bord tous les vivres de remplacement, les deux ancres  
 a je t  et la  petite chaîne.  Dès  le  matin,  la  chaloupe  a  
 été envoyée à l’eau;  cette opération est pénible,  en ce 
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 qu’il faut rouler très-loin les tierçons pour les remplir.  
 En  outre,  la  canaille  anglaise,  encore  plongée  dans  
 l’ivresse,  vient chercher querelle à nos matelots,  qui  
 ne sont que  trop  disposés à lui riposter. 
 J ’ai  dîné  chez  le  gouverneur;  il  y  avait  peu  de  
 monde  au  repas,  mais  la  réunion  qui  l’a  suivi  a  été  
 fort  nombreuse,  et  l’on  a  long-temps  dansé.  M.  de  
 Sainson  avait  apporté  ses  nombreux  dessins,  et  ils  
 ont  été  l’objet  de  l’admiration  générale. 
 Toute la jo u rn é e ,  le vent a soufflé  avec violence de  
 rO .  N.  O.  à rO . S.  o . ,   et il  s’est calmé dans la nuit. 
 Tout  le  biscuit  de  campagne  a  été  embarqué,  savoir  
 onze mille  sept-cent-soixante livres. 
 J ’ai d îné, avec MM. Gressien, G u ilb e rt,  Faraguet,  
 Dudemaine  et  Sainson,  à  la  table  des  officiers d e là   
 garnison.  Le  repas  a  été  fort  agréable  et  beaucoup  
 mieux  servi  que  tous  ceux  que j ’avais  déjà  partagés  
 dans la  colonie. 
 MM.  Gaimard,  Lesson  et  Bertrand  se  plaignent  
 vivement  de  douleurs  d ’entrailles. 
 A  dix  heures  du ma tin,  je  me  suis  transporté  à  
 bord  du  Persian,  pour remettre  moi-même  au  capitaine  
 Plunkett  une  caisse  en fer-blanc,  pesant trente  
 livres environ et  contenant le courrier de  l’Astrolabe  
 avec  toutes  les  pièces  relatives  à  l’expédition.  P ar  
 cette  occasion,  j ’adresse  au ministre  le  rapport  des  
 opérations  du voyage,  depuis le départ de Port-Jack-  
 son jusqu’a Hobart-Town,  des doubles des dessins de  
 MM. Sainson,  Paris et Quoy;  les descriptions  zoologiques  
 de ce dernier et nos expériences du thermomé- 
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