VOYAGE
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sirenl leur petit bâtiment, et le récif où périt un des
vaisseaux devant Tanema.
Suivant Kavaliki et Tangaloa, la grande île se
nomme collectivement Vanikoro, et ses divers districts
sont : Vanou, Nama, Païou, Tanema, Nimbe,
Temoua et Ocili, dont les habitans ont été récemment
exterminés. L’ile du N. E. se nomme Taneanou et ne
renferme que les deux villages de Vanikoro et de
Tevai. Enfin la petite île Manevai est habitée par la
tribu de ce nom,
J ’ai fait des présens à Valiko et à Kavaliki, qui sont
repartis pour leur résidence, très-satisfaits de leurs
rapports avec nous. Le dernier a promis de rapporter
à bord des cochons, après avoir indiqué qu’il y en
avait beaucoup dans son village.
Le temps est devenu très-orageux, et dans la soirée
la pluie a commencé à tomber avec abondance,
et a duré presque toute la nuit. Les brisans grondent
avec force, et annoncent qu’une grosse mer règne au
large.
Le temps est tout-à-fait gâté, la brise persiste au S.
et au S. O ., et les grains se succèdent avec fréquence.
Néanmoins, M. Lottin est allé à terre pour
faire couper le bois nécessaire à l’érection du mausolée.
Les naturels ont aussi commercé toute la journée
le long du bord. Moembe m’a apporté des huîtres et
des cocos, je n ’ai accepté que les huîtres. J ’ai revu
Valiko qui m’a répété que c’était à Païou que les Maras
avaient construit leur petit navire, et qu’eux-mêmes
avaient démoli le grand vaisseau qui, autrement,
eut pu subsister encore très-Iong-temps.
L’état de M. Gaimard a beaucoup empiré; il garde
le l i t , et la fièvre s’est déclarée. Moi-même, qui me
sentais mieux depuis quelques jours, j ’ai éprouvé, dans
la matinée, une impression fébrile qui a augmenté
dans le cours de la journée, e t, le soir, m’a occasioné
de véritables frissons. J ’ai reconnu l’action de la triste
maladie qm, neuf ans auparavant, m’avait tourmenté
deux mois entiers dans les îles de l’Archipel" grec,
que j’avais prise sur les plages de Lemnos el queje
ne quittai que sur la cime de Scopelos.
La pluie a tombé toute la matinée avec une extrême
violence, puis le ciel est resté chargé d’épais nuages,
et l’atmosphère est Irès-liumide. On a voulu jeter la
seine devant la rivière, mais le courant devenu fort
rapide l’a entraînée sur des roches ; elle a été déchirée
en plusieurs endroits, et l’on n’a rien pris.
Vers midi, Hambilton est allé au village de Alane-
vai, pour interroger de nouveau le vieillard que j ’avais
déjà questionné sur le naufrage, lors de ma première
visite du 25 février. Ce naturel a déclaré que le
premier navire fut vu échoué sur les récifs de Tanema,
a la suite d’une nuit où il avait beaucoup venté,
et le matin suivant on vit l’autre échoué devant
Païou. On ne sauva rien du premier bâtiment, mais
il s’en échappa une trentaine d’hommes, qui se réunirent
à quarante ou cinquante de l’autre navire qui
étaient descendus a Païou; là , ils construisirent un
petit bâtiment sur lequel ils s’en allèrent to u s , au
1828.
Mars.