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';ï k était extrêmement importante ; et M. d’Urville n’hésita point
à faire cette nouvelle relâche , malgré les inconvéniens que
pouvait offrir , pour la santé de l’équipage, une navigation
prolongée dans les Moluques.
M. Merkus , sur le Bantjar, et nous sur V Astrolabe , nous
arrivons à Menado le 2 7 juillet 1 8 2 8 . Je descends immédiatement
à terre avec MM. d’Urville et Quoy. M. Merkus nous
donne les deux babiroussas, mâle et femelle, et nous renouvelle
ses offres de services. Il propose à M. d’Urville une excursion
au lac de Tondano. Ce voyage offrait une incontestable utilité
j il est accepté et fixé au surlendemain, 2 9 juillet.
Ce même jour, avant notre départ, le gouverneur nous fait
présent d’un bel animal nommé dans le pays Sapi-Outang,
c’est-à-dire vache des bois, que le chef de Kéma Ini envoyait
à l’instant même. Cet animal qui, par sa forme trapue, ressemble
à un jeune buffle , est une antilope remarquable par
ses cornes déprimées; elle est .sauvage, vit dans les bois, et
quoique peu agile , elle devient dangereuse par les blessures
qu’elle peut faire avec ses cornes.
Notre petite caravane , composée de MM. Merkus, Pietermat,
d’Urville, Rumboldt, Sainson, Guilbert, Quoy et moi,
partit accompagnée d’un nombreux et bruyant cortège. A
peine convalescent, à cette époque, je ne voulus pas laisser
échapper une si belle occasion de voir l’intérieur de l’île
Célèbes. Je pris un palanquin aussi élégant que commode,
porté par une vingtaine d’hommes qui se relayaient toutes les
demi-heures, et qui couraient rapidement tout en chantant
et en poussant des cris joyeux. M. Quoy et le capitaine
Rumboldt préférèrent, comme moi, faire le voyage en palanquin.
Tous les autres messieurs étaient montés sur d’excellens
petits chevaux.
Après avoir traversé la charmante ville de Menado , nous
suivons une route large, commode, et nouvellement construite
au milieu de belles forêts. De rapides torrens, des ponts
en bois fort élégans et couverts , la beauté du ciel, l’aspect et
la variété du paysage, les hommes à cheval, les palanquins, le
costume et les cris de joie de nos porteurs et de notre escorte,
tout donnait à notre promenade un caractère à la fois majes-
tucux et bizarre.
Arrivés au village de Taouangan, nous j sommes accueillis
et félicités parles principaux babitans; et là, grâce aux soins
de M. Pietermat, nous trouvons un excellent déjeuner : de
belles chevrettes, des poissons, des volailles rôties et bouillies,
et même du vin qu’on avait eu soin d’y apporter.
Un pareil repas était préparé dans chaque village que nous
traversions, et à la manière dont je fis honneur au second , il
eût été bien impossible de croire que j’avais déjeuné une première
fois.
Les naturels du village de Paoun-Nereng, situé à égale distance
de Menado et de Tondano , viennent nous recevoir en
grand costume , armés de sabres et de boucliers et exécutant
différentes évolution,*. Nous vîmes en cet endroit les principales
femmes du pays, toutes fort laides et paraissant d’une
intelligence très-bornée.
A mesure que nous nous rapprochons de Tondano, la végétation
qui nous entoure devient plus vigoureuse et plus belle :
elle nous rappelle ces forêts vierges de la Nouvelle-Irlande et
de la Nouvelle-Guinée qui ont si profondément excité notre
admiration. Une averse qui eut lieu pendant ce trajet rendit
le chemin très-glissant et les fonctions de nos porteurs infiniment
plus pénibles.
Après être arrivés au haut de la montagne , nous voyons de
belles rizières , des plantations de café , le village de Tonséa-
Lama, et à quelque distance de la route la belle cascade de
Tondano, si imposante, si pittoresque, et dont M. Sainson
enrichit aussitôt son portefeuille.
Les babitans de Tondano viennent nous recevoir en armes
et dans leur costume oriental. L’entrée de notre caravane
dans la ville a lieu d’une manière véritablement triomphale,
entre deux longue.» baie.s de ces guerriers et au milieu