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 1828. 
 Mars. 
 avoir visité les îles des Amis, et terminé sa reconnaissance  
 de  la  Nouvelle-Calédonie,  avait  remis  le  cap  
 au n o rd ,  et se dirigeait sur Santa-Cruz,  comme le lui  
 prescrivaient  ses instructions ,  et comme il  nous l’apprend  
 lui-même  par  son  dernier rapport  au ministre  
 de la marine. En approchant de  ces  île s ,  il  crut  sans  
 doute  pouvoir  continuer  sa  route  durant  la  n u it,  
 comme  cela  lui  était  souvent arrivé,  lorsqu’il  tomba  
 inopinément sur les terribles  récifs de Vanikoro dont  
 l’existence était entièrement ignorée. Probablement la  
 frégate qui marchait en  av a n t,  et les  objets rapportés  
 par M. Djllon ont donné  lieu de  penser  que c’était  la  
 Boussole  elle-même,  donna  sur  les brisans sans pouvoir  
 se relever,  tandis que l’autre eut encore  le temps  
 de revenir au vent et  de reprendre le large.  Mais  l’af.  
 freuse  idée  de  laisser  leurs  compagnons  de  voyage,  
 leur chef p eut-être,  à la merci  d’un  peuple  b arb a re ,  
 et sans  espoir  de  revoir  leur p a trie ,  ne dut  pas  permettre  
 à  ceux  qui  avaient  échappé à ce  premier  péril  
 de  s’écarter  de  cette  île  funeste,  et  ils  durent  tout  
 tenter  pour  arracher  leurs  compatriotes  au sort  qui  
 les menaçait. Ce  fut là ,  n’en  doutons point,  la  cause  
 de la perte du second navire. L’aspect même des lieux  
 où il  est resté donne un nouvel appui  à cette  opinion ;  
 car au premier  abord  on  croirait y trouver une passe  
 entre les récifs ;  il est possible que les Français du second  
 navire aient  essayé de pénétrer par  cette  ouverture  
 en  dedans  des brisan s,  et qu’ils  n’aient  reconnu  
 leur  erreur  que  lorsque  leur  perte  fut  aussi  consommée. 
 DE  L’ASTROLABE. 
 Bien qu’aucun  document  positif  et  direct  n’ait  démontré  
 que  ces  débris  ont  réellement  appartenu  à  
 l’expédition  de Lapérouse,  je ne pense pas qu’il reste  
 cependant à cet égard la moindre incertitude. En effet,  
 les renseignemens que j’ai  recueillis de la bouche  des  
 naturels  sont  parfaitement  conformes,  sous les  rapports  
 essentiels,  à ceux  que  se procura M.  Dillon ;  et  
 cela sans  que nous  ayons  pu  être influencés  l’un  par  
 l’au tre ,  attendu  que  je  n’eus  connaissance  de  son  
 rapport  qu’à  l’Ile-de-France,  deux  mois  après  que  
 j’avais  déjà  expédié  le mien  au ministre.  Ces  dépositions  
 ont  donc  tous  les  caractères  de  l’authenticité;  
 elles  attestent  que  deux  grands  navires  p é rire n t,  il  
 y  a  quarante  ans  environ ,  sur  les  récifs  de  Vaniko 
 ro ,  qu’ils  contenaient  beaucoup  de  monde;  les  
 naturels  se  sont  même  rappelé  qu’ils  portaient  le  
 pavillon blanc.  Tout  cela, joint  aux pièces  de canon,  
 aux  pierriers  rapportés,  démontre  que  ces  navires  
 étaient  des  bâtimens  de  guerre.  Mais  on  sait  positivement  
 q u e ,  long-temps  avant  comme  après  cette  
 époque,  nul  autre  navire  de  guerre  n’a  péri  dans  
 ces  mers  que  les  frégates  de  Lapérouse  et  la  Pan-  
 dora,  commandée par Edwards,  qui fit naufrage sur  
 les  récifs  du  détroit  de  Torrès.  En o u tre,  la nature  
 de  quelques-unes  des  pièces  rapportées  du  naufrage  
 montre  qu’elles  appartenaient  à  une mission  chargée  
 de  travaux  extraordinaires.  Enfin,  l’unique morceau  
 de bois  rapporté  par M.  Dillon s’est trouvé coïncider  
 avec  les  dessins  qui ont  été  conservés  des  sculptures  
 de  la  poupe  de  la  Boussole.  Que  de  probabilités