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La Table et ses environs s’étant couverts de nuages, il en
tomba de terribles rafales qui firent casser une de nos cbaines,
et brisèrent le jas de la seconde ancre qui nous tenait, de sorte
qu’il fallut prendre la mer. A peine étions-nous sortis de la
rade, qu’il faisait calme. La nuit, les courans nous portèrent à
deux encâblures de la roche à fleur-d’eau qui se trouve entre
la terre et l’île Roben, comme pour nous indiquer que là
comme ailleurs il devait toujours nous arriver quelque chose.
C’est ainsi qu’en sortant du port à l’Ile-de-France, le pilote
nous échoua un instant, et que la maladresse de celui de Bourbon
nous fit passer une nuit dehors.
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Résultat presque identique avec celui qui fut conclu à
bord de la Coquille.
La petite ville, construite sur le bord de la mer dans un
étroit ravin, seul lieu où l’on puisse débarquer sous le vent,
est d’une élégance et d’une propreté remarquables. Les maisons,
faites en bois, apportées du Cap ou d’Angleterre, sont
peintes en vernis, et ressemblent à des décorations de spectacle.
Elles s’étendent assez loin dans la longueur du ravin,
dont les bords secs, arides et couleur de fer fondu, semblent
les menacer de leur chute. C’est sur le bord gauche de ce ravin
que sont creusés les étroits et scabreux chemins qui conduisent
à Longwood. Ils possèdent toute , la perfection qu’ils sont susceptibles
d’avoir, c’est-à-dire que creusé dans les scories, ils
ont, du côté du précipice, un petit mur à hauteur d'appui,
propre à empêcher tout accident avec un cheval docile. De
ces hauteurs l’oeil plonge presque perpendiculairement sur la
ville dont on aperçoit tous les détails.
A mesure que le ravin se découvre, on voit des casernes et
des magasins qui ont servi autrefois à la Compagnie des Indes.
Parmi sont de jolies maisons avec de petits jardins parfaitcment
soignés, et dont la fraîcheur el la verdure contrastent
singulièrement avec le sol sur lequel on se trouve. Où le ravin
finit, tombe de très-haut une petite cascade, dont les eaux se
résolvent quelquefois en brouillard avant d’arriver au fond
de leur bassin. C’est elle qui fournit le petit ruisseau qui
alimente la ville et ses jardins, lequel est ménagé avec beau
coup de soin. Presque tous les pitons de l’ile sont garnis de
canons et de vigies qui découvrent au loin les vaisseaux.
Lorsqu’on a gravi les premières montagnes qu’on découvre
du rivage, la scène change, et l’on aperçoit çà et là quelques
points couverts de verdure; puis l’on contourne un vaste et
profond entonnoir, dont les bords sont souvent taillés en
précipice. C’est à la moins concave de ses extrémités qu’est
une petite pelouse verte arrosée par un filet d’eau et ombragée
de vieux saules pleureurs, où se trouve le tombeau de Napoléon.
Dans ses courtes promenades, il aimait à descendre dans
ce heu, et l’on dit que c’est là qu’il voulut être enterré, dans
le cas où son corps ne serait pas rendu à sa patrie.
Le tombeau est simple. De larges pierres de taille plates recouvrent
la fosse ras-terre; elles sont entourées d’une balustrade
en fer. Un saule courbé sur la tombe l’ombrage presque
en entier. Une seconde enceinte ovalaire, en bois, circonscrit
un espace assez considérable, entouré de géraniums en
fleurs. Plus loin est la petite maison de l’invalide qui garde le
monument.
Nous gravîmes à pied la colline escarpée pour atteindre
notre voiture qui nous attendait sur le chemin, et bientôt uous
fumes à Longwood, situé sur un plateau du haut duquel on
découvre.la mer. Le temps était humide et froid, des nuages
qui arrivaient par intervalles nous enveloppaient; on n’y
voyait quelquefois pas à une portée de pistolet. Ce lieu est
certainement un de ceux qui reçoivent le plus de vent et de
brouillard de toute l’île. Je visitai les appartemens qu’avait
habités l’Empereur. Ils sont maintenant abandonnés, et servent
à battre du blé. Je ne voulus point voir la nouvelle maison
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