ces grands crédits si utile à toute colonie ? Au ssi, une colonie
anglaise de ving-cinq ans de date l ’emporte-t-elle en tout et
pour tout sur une des nôtres, qui compte plus d’un siècle
et demi d’existence.
( E x tra it du Journal de M . Quoy. )
P A G E 38.
Puis nous continuâmes notre route le long du fleuve.
Le 5 jan v ie r, nous appareillâmes du détroit de d’Entrecasteaux.
Quel ne serait pas l ’étonnement de MM. de Rossel, La-
billardière, Beautems-Beaupré, tous de l’expédition d^ cet
habile g én é ral, s i, revenant dans des lieux qu’ils ont vus jadis
déserts, arides et couverts de forêts, ils voyaient, devant une
jolie v ille , de grands vaisseaux à l ’ancre, une population nombreuse,
étendue dans un grand espace; des fermes charmantes
couvrant la campagne; des voitures, des journaux, tous les
agrémens de l’Europe enfin transportés dans un lieu où ils
n’eurent que des privations à supporter dans l ’important travail
qu’ils y firent! Cet étonnement serait pour eux ce que
nous éprouverions nous-mêmes, si dans dix ans nous retournions
au Port-du-Roi-Georges, que nous avons vu désert et
que les Anglais viennent également de coloniser. C’est peut-
etre, sur la Nouvelle-Hollande, le dernier point qui mérite
d etre colonisé : il nous convenait très-bien, et peut-être que
trop de lenteur et d’incertitude nousTonl fait perdre.
Lorsqu’on a vu de près ces beaux élémens de civilisation
pa rtielle, dans la civilisation générale, on ne peut s’empêcher
de dire qu’une puissance q u i, en temps de gu e rre , chercherait
à les détruire, commettrait un crime contre l ’humanité et
contre l ’intérêt de plus d’un peuple.
{E x tr a it du Journal de M . Quoy.)
N OT E S . 297
Le 2 3, je fais à cheval une course très-rapide à New-Norfolk
avec MM. Guilbert, Sainson et Dudemaine.
L e 2 7 , j’éprouve des coliques assez vives ; le 28 , elles deviennent
intolérables, et je vais m’installer à terre. Je souffris des
douleurs atroces pendant quatre à cinq jours ; et je ne pourrai
jamais reconnaître les soins pleins de bienveillance et d’amitié
que je reçus, en cette circonstance, de l ’excellent docteur
Sco tt, chirurgien principal de la colonie. Je ne dois pas oublier
non plus M. le docteur Jones, chirurgien-major du 4o® régiment
de S. M. B.
Dans l ’hôtel où j ’étais , les égards que l’on avait pour moi
et une table d’hôte bien servie, bâtèrent ma convalescence.
Depuis lors, j ’ai visité le nord de l ’E u ro p e , et bien certainement
je ne pourrais le croire, si je ne l’avais éprouvé moi-
même : à Hobart-Town, dans une colonie qui n’existait point
encore au commencement de ce siècle, j ’ai trouvé, en 1827 ,
un hôtel infiniment supérieur, pour toutes les commodités de
la vie et pour les attentions dont les voyageurs sont l ’objet, aux
premiers hôtels de Saint-Pétersbourg, en i 83i. Dans cette
dernière et superbe capitale^ où il n’existe ni commissionnaires,
ni petite poste, ni almanach des adresses, j ’ai été également
malade, et si la mort était venue me surprendre pendant la
n u it, elle m’eût constamment trouvé seul et sans aucune espèce
de secours.
Je dois peut-être ajouter que l ’un des convicts qui me servaient
à Hobart-Town me déroba quelques livres sterlings,
qui me furent rendues par le maitre de la maison.
L a promptitude de mon retour à la santé me combla de
jo ie , car j ’aurais été profondémentaffligé d’être forcé de quitter
l Astrolabe ou moment où elle allait se diriger vers cette île , si
vainement recherchée depuis quarante ans, où Lapérouse avait
succombé, et qu e, depuis dix ans, j’appelais de tous mes
voeux.
Je ne quittai Hobart-Town, le 5 janvier 1828, qu’à l’instant
où l Astrolabe tira le coup de canon pour appeler le pi-
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