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V O Y A G E
159.8. trouvais encore dans une des îles de la Polynésie.
20 novembre. ^ {^^¡5 heures et demie du ma tin, l’ancre a été
P l. ccxxix. relevée, nous avons couru deux longues bordées au
large, et, à midi, nous avons laissé retomber l’ancre
en tête de rade par dix-sept brasses, fond de sable
fin. Sur-le-champ j’ai expédié M. Dudemaine chez le
gouverneur pour lui demander des bras et une chaloupe
pour le service de la corvette. En même temps,
les cinq malades dont les noms suivent ont été envoyés
à l’hôpital : Reynaud, Rancurel, Grasse, Boulin
et Jean.
La journée s’est écoulée sans que je reçusse la réponse
de ma demande au gouverneur. Nous n’avons
enfin obtenu qu’une très-mauvaise chaloupe dans
l’état le plus délabré, et même dégarnie de la plupart
de ses avirons.
21. Les matelots Lorenzi, Lecourt et Vignau sont partis
pour l’hôpital, plus affectés encore par la peur que
par la maladie. Chose singulière ! la crainte qui tourmente
le plus Lorenzi, est de mourir en pleine mer
et d’être mangé par les poissons. Au moins, en expirant
sur la te rre , il sera enterré et ne sera dévoré
que par les vers. C’est là une idée bien digne d’un
Italien !...
A dix heures, je me suis rendu chez M. de Chef-
fontaines, homme poli et d’un caractère très-doux,
mais dans lequel j ’ai trouvé peu de ressources pour
me procurer les moyens de renforcer mon équipage
affaibli. Il paraît même singulièrement répugner à
prendre sur lui de faire la moindre démarche. Heu-
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b)
D E L ’A S T R O L A B E . 5.37
reusement l’ordonnateur, 31. Jurien, montre un intérêt
plus vif pour la mission de VAstrolabe ; il m’a
promis ses bons offices, et m’a assuré qu’il fera tous
ses efforts pour nous procurer quelques hommes.
Je passai le reste de la journée au gouvernement,
où M. de Cheffontaines mil une chambre à ma disposition,
et je parcourus une longue file de Moniteurs
qui achevèrent de me mettre au courant de la politique
européenne.
Les nommés Bernard, Condriller et Karavel partent
pour l’hôpital. M. Gaimard est très-malade à
te rre , M. Gressien est repris par la fièvre, et M. Faraguet
demande un billet pour l’hôpital.
Nous recevons sept hommes du Colibri, et M. Ju rien
a donné des ordres pour nous en procurer encore
quelques autres. Notre équipage est réduit au dernier
degré d’affaiblissement et de découragement; loin
de se ranimer par la perspective d’un prompt retour
dans leur patrie, le moral de ces hommes semble s’affaisser
de plus en plus. On dirait que leur imagination,
toute remplie des dangers qu’ils ont essuyés,
est tourmentée par l’idée fixe que l’Astrolabe n’est
pas destinée à revoir la France. Si je restais seulement
dix jours à Bourbon, ils finiraient par aller tous
à l’hôpital.
Tout étant prêt pour le départ, je devais mettre à
la voile; cependant je me suis décidé à retarder l’appareillage
de vingt-quatre heures, dans l’espoir que
M. Quoy m’a donné que M. Gaimard pourra se trouver
en état de rejoindre le bord. M. Jurien ayant
1828.
Novembre.
23.
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