182S.
M a rs .
VOYAGE
r a v ril.
le désir, tous les hommes qui étaient encore debout
eussent tellement été frappés de te rre u r, que pas un
d’entre eux ne serait resté sur le pont. Ces gens sont
complètement démoralisés par les dangers qu’ils ont
souvent courus ; à l’exception de cinq ou six individus
plus fortement trempés, tout le reste était sans
énergie.
Depuis deux jours, la mei- charriait beaucoup de
pierres ponces, et aujourd’hui sa surface en a été
continuellement couverte. Cette circonstance identique
avec celle qu’observa jadis Quiros en ces parages
semble annoncer l’existence de quelque volcan
dans les environs. A midi quarante minutes, je mets
le cap au N. O. ’/a O. pour gouverner sur l’ile Kennedy,
dont le pointue me place qu’à vingt-sept lieues.
Parvenu sur le parallèle de Kennedy, je laissai
successivement porter à l'O. N. O . , O. ‘A N- O- et
enfin à l’O ., et nous courons toute la journée dans
cette direction. A six heures du soir VAstrolabe se trouvait
précisément sur la position de Kennedy d’après
Arrowsmith; comme l’horizon nous aurait facilement
permis d’apercevoir une île haute à quinze milles de
distance, n ’ayant rien v u , j ’en ai dû conclure que
cette île doit être située plus à l’ouest. Il aurait fallu
consacrer encore vingt-quatre heures et courir tout
ce temps à l’ouest pour décider cette question; mais
avec quarante hommes sur les cadres, je ne crus pas
devoir faire ce nouveau sacrifice à la géographie,
d’autant plus que cette manoeuvre m’aurait souventé
considérablement, et je devais me mettre en garde
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contre les vents d uN . E. et les violens courans de
l est à 1 ouest éprouvés en ces parages par divers navigateurs.
Déjà ceux que nous éprouvons s’élèvent à
dix-huit milles dans les vingt-quatre heures. Ainsi, à
six heures précises le cap a été remis au N. N. 0 . ,
avec toute la voilure que la prudence permettait de
conserver.
Les pierres ponces ont encore passé toute la journée
le long du bord, mais en moindre quantité qu’hier.
Tout bien considéré, je pense que ces pierres viennent
de l’île du Volcan ou Tinakoro près Nitendi. Les
vents^violens du S. O. qui ont régné il y a quelques
jo u rs ont pu déterminer des courans de cette partie
capables d’entraîner ces matières volcaniques à soixante
ou quatre-vingts lieues sous le vent. J ’attendais toujours
le retour des vents alises ; mais, durant près de
huit jo u r s , nous eûmes à essuyer des calmes déso-
lans ou de faibles brises du N. au N. O ., qui nous
forçaient à tenir le plus près, tantôt sur un b o rd , tantôt
sur l’autre , afin de perdre le moins possible en
route. D ’accablantes chaleurs aggravaient encore notre
misérable position. On eût dit que notre corvette, immobile
au milieu des flots , y restait fixée par quelque
génie malfaisant, pour nous faire sentir à longs traits
les souffrances de la maladie et les privations de toute
espèce auxquelles nous étions assujettis. L ’Astro labe
q u i, le mois précédent, n’offrait encore qu’une
réunion d’individus satisfaits et jouissant de la santé
la plus florissante, venait d ’être cctnvertic en une infirmerie
flottante oû le petit nombre des hommes va-
1828.
A v r il.
•'i n I: J