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 M a rs . 
 VOYAGE 
 r   a v ril. 
 le  désir,  tous les  hommes  qui  étaient  encore  debout  
 eussent tellement  été  frappés  de  te rre u r,  que  pas  un  
 d’entre  eux ne serait resté  sur le pont.  Ces gens sont  
 complètement  démoralisés  par  les  dangers qu’ils  ont  
 souvent  courus  ;  à l’exception de  cinq ou  six  individus  
 plus  fortement  trempés,  tout  le  reste  était sans  
 énergie. 
 Depuis  deux jours,  la mei-  charriait  beaucoup  de  
 pierres  ponces,  et  aujourd’hui  sa  surface  en  a  été  
 continuellement  couverte.  Cette  circonstance  identique  
 avec  celle  qu’observa  jadis  Quiros  en  ces  parages  
 semble  annoncer  l’existence  de  quelque  volcan  
 dans les  environs.  A midi quarante minutes,  je mets  
 le cap  au N.  O.  ’/a O.  pour  gouverner  sur  l’ile  Kennedy, 
  dont le pointue me place qu’à vingt-sept  lieues. 
 Parvenu  sur  le  parallèle  de  Kennedy,  je  laissai  
 successivement  porter  à  l'O. N.  O . , O.  ‘A  N-  O-  et  
 enfin à l’O .,  et  nous  courons  toute  la  journée  dans  
 cette direction. A six heures du soir VAstrolabe se trouvait  
 précisément  sur  la position  de Kennedy  d’après  
 Arrowsmith;  comme l’horizon nous aurait facilement  
 permis  d’apercevoir  une île  haute à  quinze milles  de  
 distance,  n ’ayant  rien  v u ,  j ’en  ai  dû  conclure  que  
 cette île doit être  située plus à  l’ouest.  Il  aurait  fallu  
 consacrer encore  vingt-quatre  heures  et  courir  tout  
 ce temps  à  l’ouest  pour décider  cette  question;  mais  
 avec quarante  hommes sur les  cadres,  je ne  crus  pas  
 devoir  faire  ce  nouveau  sacrifice  à  la  géographie,  
 d’autant plus  que cette manoeuvre m’aurait  souventé  
 considérablement,  et je  devais  me  mettre  en  garde 
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 contre les vents  d uN .  E.  et  les  violens  courans  de  
 l est à 1 ouest éprouvés  en ces parages par divers navigateurs. 
   Déjà  ceux  que  nous  éprouvons  s’élèvent  à  
 dix-huit milles dans les vingt-quatre heures.  Ainsi,  à  
 six heures  précises le cap  a été  remis au  N.  N.  0 . ,   
 avec toute  la  voilure que  la  prudence  permettait  de  
 conserver. 
 Les  pierres  ponces ont  encore passé toute  la  journée  
 le long du bord, mais en moindre quantité qu’hier.  
 Tout bien considéré, je pense  que ces pierres  viennent  
 de  l’île  du  Volcan  ou  Tinakoro  près  Nitendi.  Les  
 vents^violens  du S.  O.  qui ont régné il  y  a  quelques  
 jo u rs  ont pu  déterminer  des courans  de  cette  partie  
 capables d’entraîner ces matières volcaniques à soixante  
 ou quatre-vingts lieues sous le vent. J ’attendais  toujours  
 le retour des vents alises ; mais,  durant  près  de  
 huit jo u r s ,  nous  eûmes  à essuyer  des  calmes  déso-  
 lans  ou  de  faibles brises  du  N.  au N.  O .,  qui  nous  
 forçaient à tenir le plus près,  tantôt sur un b o rd ,  tantôt  
 sur l’autre ,  afin  de  perdre  le  moins  possible  en  
 route. D ’accablantes chaleurs aggravaient encore notre  
 misérable position. On eût dit que notre corvette, immobile  
 au milieu des flots ,  y restait fixée par quelque  
 génie  malfaisant,  pour nous faire  sentir à longs traits  
 les  souffrances de la maladie et les privations  de toute  
 espèce  auxquelles  nous  étions  assujettis.  L ’Astro labe  
 q u i,  le mois précédent,  n’offrait encore  qu’une  
 réunion d’individus  satisfaits  et  jouissant de  la  santé  
 la  plus florissante,  venait  d ’être cctnvertic en  une  infirmerie  
 flottante  oû  le petit  nombre des  hommes va- 
 1828. 
 A v r il. 
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