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1828.
Mars.
piteau pyramidal, en planches de koudi, qui doit lui
servir de couronnement, et qui se termine par un
gros bouton en b o is, taillé à facettes. Dans une des
traverses, est incrustée une plaque en plomb, sur
laquelle ont été tracés, en gros caractères, fortement
creusés, les mots suivans :
A L A M EM O I R E
D E L A P E R O U S E
E T D E SES C O M P A G N O N S ,
L ^ A S T ROLAB E .
1 4 M A R S 1 8 2 8 .
Nous donnâmes à cette inscription la forme la plus
laconique, pour une double raison. Nous étions pressés
“par le temps, et nous désirions que la plaque de
plomb fût réduite à la plus petite dimension possible.
A dix heures et demie, tout était terminé. Comme
la fievre me retenait à b o rd , 31. Jacquinot fut chargé
de procéder à l’inauguration du monument. Il descendit
à la tête d ’une partie de l’équipage sur le récif; un
détachement de dix hommes armés défila par trois fois,
dans un silence solennel et respectueux, à l’entour du
mausolée, et fit trois décharges de mousqueterie, tandis
que du bord une salve de vingt et un coups de canon
PI. faisait retentir les montagnes de Vanikoro. Quarante
CLXxxvn. ans auparavant, les échos de ces mêmes montagnes
avaient peut-être répété les cris de nos compatriotes
expirant sous les coups des sauvages, ou succombant
sous les atteintes de la fièvre!... Et nous-mêmes n ’a-
vions-nous pas à craindre une destinée pareille? Le
cenotaphe que, denos mains défaillantes, nous venions
d’élever en l’honneur des compagnons de Lapérouse,
ne pouvait-il pas aussi devenir le dernier témoin des
longues épreuves et du désastre de la nouvelle Astrolabe!...
Réflexions douloureuses, quemón accablement
et les douleurs de la fièvre ne m’empêchent
point de faire en ce moment critique!
Aux premiers coups de canon, les sauvages, glacés
d’épouvante, s’enfuirent de toutes p a rts , abandonnant
même leurs pirogues pour s’échapper plus vite.
Rassemblés près de leur village, ils épiaient avec inquiétude
quels seraient les résultats de ces terribles
détonations. J ’avais jugé à propos de ne point les prévenir,
afin de mieux examiner leur conduite, et en
même temps pour leur donner une plus haute opinion
de notre puissance.
Au bout d un quart d’heure d’absence environ,
ayantremarqué que personne parmi eux n’avait été tué,
voyant surtout que nous ne faisions aucune démonstration
hostile, ils se rassemblèrent peu à peu sur le
récif situé devant la corvette, dans l’Ile 3Ianevai.
Bientôt, deux d’entre eux, plus hardis que le reste,
montèrent dans une pirogue et se dirigèrent vers la
corvette. Ces deux hommes étaient les deux arikis de
Blanevai, savoir : mon ami 3Ioembe et le belliqueux
Kalaï. Je fus à la fois surpris e t satisfait de celte
preuve de courage et de confiance de leur p a rt; cette
démarche semblait justifier jusqu’à un certain point
1 assertion de 3Ioembe, que les chefs ne sefaisaient
point la guerre.