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Mars.
216 VOYAGE
le pandanus dont ils mangent les fruits ; mais leur
ressource principale en végétaux est le taro ou arum.
Il est certain qu’ils ont des cochons domestiques,
mais le grand prix qu’ils attachent à ces animaux fait
présumer qu’ils doivent être rares dans l ’île. Nous
n ’avons observé aucune espèce de volaille apprivoisée.
Leurs maisons sont plus propres et moins grossières
qu’on ne l’attendrait d’un peuple aussi barbare.
Elles ont de dix à vingt pieds de longueur, sur six à
dix de largeur. Un triple rang de pieux soutient la
toiture qui est angulaire et descend d’une hauteur de
douze ou quinze pieds à quatre ou cinq pieds au-
dessus du sol. Le toit et les murailles sont en nattes
fabriquées avec des feuilles de cocotier ; une porte de
taille raisonnable est pratiquée à l’une des extrémités,
un foyer carré se trouve au centre de la cabane, et
les meubles sont déposés sur des plates-formes ménagées
dans les angles.
Il y a des cases plus spacieuses, avec des espèces
d’estrades ou lits de camp, comme celle-où nous
fûmes conduits par Nelo à Tevai, et qu’on nommait
la maison de VJtoua. Ce sont sans doute des espèces
de maisons publiques qui servent à la fois d’arsenaux,
de salles de conseil, et peut-être de temples pour le
culte. Car tout annonce que ces sauvages ont des
dieux et une religion ; ce que Moembe et Kalaï me
dirent de leurs atouas Banie et Loubo suffit pour ne
laisser aucun doute à ce sujet; mais il faudrait un
plus long séjour que le nôtre , et des communications
plus intimes et plus suivies avec ces sauvages, pour
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arriver à des notions satisfaisantes sur cette matière.
Ces hommes ont constamment nié qu’ils fussent
anthropophages. Mais ils sont convenus qu’ils exposaient
les corps des ennemis, tués au combat, dans
l ’eau de m e r , et les y laissaient assez long-temps pour
que la chair se séparât entièrement des os. Ils gardaient
les crânes comme trophées, et se servaient des
menus ossemens des extrémités pour former la pointe
de leurs flèches. Les blessures faites par les flèches
ainsi armées étaient toujours considérées comme
mortelles, tandis que celles qui résultaient des flèches
ordinaires armées seulement de pointes en bois ne
produisaient point le même effet
La langue de ces sauvages paraît différer essentiellement
de celle des Polynésiens. Plusieurs d’entre
eux néanmoins comprennent et parlent un peu cette
dernière langue qui paraît s’étendre jusqu’aux îles
Taumako, Pileni, e tc., c’est-à-dire jusqu’aux îles
basses près de Sainte-Croix. Le dialecte de Vanikoro
offre déjà des sot\s plus composés que le polynésien ,
ainsi qu’on en peut juger par les mots Itchaou, Ned-
joji, Ocili, etc., puisqu’ils supposent les consonnances
tch, dj, f ou s , inconnues aux Polynésiens. Cependant
ce dialecte n’a rien de dur à l’oreille, et n ’offre
point de difficultés remarquables dans sa prononciation
à l’Européen. D’un autre côté les habitans de Vanikoro
répétaient assez exactement les mots que nous
leur proposions.
C’est ici le cas d’expliquer la différence qui existe
* Voyez noie i3 .