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Février.
26.
Ayant eu connaissance de cette décision, M. Gaimard
vint me prier de lui accorder la permission de se joindre
à Hambilton et de rester quelques jours à Païou
dans le même dessein. Mon premier mouvement fut de
me refuser à ce désir ; cependant, ayant réfléchi d’une
part que tout le monde se portait bien, qu’outre
M. Gaimard il restait encore deux médecins à bord,
qu’enfin M. Gaimard n’exposait que sa propre personne
; d’un autre côté considérant que par son zèle,
son activité et le crédit dont il jouissait d’ordinaire au
milieu des nations sauvages, il pourrait arriver à quelque
résultat important ; je finis par acquiescer à sa
proposition, et je lui remis un présent pour le chef de
Païou. Je lui recommandai spécialement la recherche
des crânes déposés à Vanou et des pièces de monnaie,
la découverte du lieu du naufrage, et de celui où les
Français auraient construit un petit navire. En même
temps, je l’invitai fortement à ne rien emporter sur
lui qui pût exciter la cupidité des naturels, et à ne
conserver autre chose que les effets qui lui étaient
strictement nécessaires. Il est fâcheux que M. Gaimard
ne connaisse point l’anglais, ce qui lui rend
l’assistance d’Hambilton beaucoup moins utile.
Dès trois heures du matin, le grand canot bien armé
est parti pour remplir sa mission. M. Gressien a
encore passé la journée à sonder et lever le plan de la
baie de Manevai, avec la yole. Le bot a été mis aux
ordres de M. Pâris qui a exécuté un travail semblable
pour la baie de Tevai.
Nous avons observé dans la matinée plusieurs pirogues
qui arrivaient par la passe de l’est et semblaient se
diriger sur le rivage de Tevai. De son côté, M. Gressien
a trouvé les habitans de Manevai disposés à danse
r, comme s’ils eussent célébré une fête. Mais le travail
dont il était chargé ne lui a pas permis d’en obser-
Ater les détails.
La faiblesse extrême que j’éprouve depuis quelques
jours ne me permet pas de m’écarter du navire ; je me
contente d’une courte promenade sous les arbres de
la plage, et je prends chaque jour un bain qui me
procure un peu de soulagement.
A une heure après minuit, comme je dormais sur
le bastingage, j’ai été réveillé par le bruit qu’a fait le
grand canot en accostant le long du bord. J ’ai questionné
avec empressement nos voyageurs, et l’on doit
juger de la satisfaction que j’ai éprouvée, en recevant
les renseignemens suivans.
Le grand canot est arrivé ce matin à huit heures
environ devant Vanou. A son approche, les femmes
se sont enfuies dans les bois, emmenant leurs enfans
avec elles et emportant sur le dos leurs effets les
plus précieux. Les hommes sont venus au-devant du
canot d’un air où régnaient l’inquiétude et l’effroi ; à
toutes les questions qu’on leur a adressées, ils n’ont fait
que des réponses évasives et visiblement mensongères.
Tout en persistant dans leur système de dénégation
absolue louchant le naufrage des navires et ses conséquences
, ils ont cependant avoué qu’ils avaient eu en
leur pouvoir les crânes des maras, mais ils ont ajouté
qu’on les avait depuis long-temps jetés à la mer.
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PI.
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