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 NOTES. 
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 fûmes joints  par  trois  pirogues  moins  défiantes;  un  des  chefs  
 comprit enfin ce qu’on  désirait avoir,  ets’offrit de nous conduire  
 à  un  village  où  nous  trouverions des débris  du  naufrage.  Nous  
 arrivâmes  à  Nama,  situé  sur  le  bord  de  la  mer,  et  composé  
 d’une  douzaine  de  maisons  qu’habitaient  une  cinquantaine  
 d’individus  environ.  Ils  vinrent tous  vers  n ous,  sans  armes,  el  
 tant  que  le  récif  leur permit  d’avancer.  Quelque  bonnes  que  
 parussent  leurs  intentions,  nous  ne  nous  hasardâmes  point  à  
 descendre,  nous  avions  appris  à  nos  dépens  à  nous  défier  de  
 tous ces  peuples  en  général.  Plusieurs vinrent  dans  leurs pirogues  
 le  long  du  canot,  et  là  commença  un  échange  d’objets  
 sauvés  du  naufrage,  qu’ils  allaient  chercher  à  leur  village.  
 C’étaient  des  plaques de plomb  ,  des  crochets  de  fe r,  des  morceaux  
 de  cuivre  de pompe  ,  une petite  pompe  presque  entière,  
 une  poulie,  etc.  ;  tous  objets  rouilles  par  leur  séjour  sous  les  
 eaux. Nous  adressâmes  aux  plus  vieux  des naturels,  dont  deux  
 pouvaient  avoir  au  moins  soixante  ans,  des  questions  sur  
 1 époque  où  s’était  perdu  le  navire  qui  avait  fourni  ce  qu’ils  
 nous  vendaient;  ils  ne  purent  rien  nous d ir e ,  si  ce  n’est  qu’ils  
 indiquaient constamment P ayou comme le lieu où  s’était passée  
 la scène. 
 La  nuit venue,  nous mouillâmes  sous  une  pointe  q u i,  sans  
 nous en  douter,  était  celle  où  se  trouvait le  village  de  Vanou.  
 Le   lendemain  même,  nous  nous  en  éloignions  sans  le  voir.  
 Nous  rétrogradâmes  un peu  et  communiquâmes  avec  les naturels  
 qui  échangèrent  quelques  objets  de  métal  du  naufrage.  
 Aucune  de  ces  pièces  ne  put  nous  fournir  de  renseignemens  
 positifs  sur  le  nom,  ni  même  la  nation  du  navire  d’où  elles  
 provenaient.Nons allâmes déjeuner suiT’îlot, appelé Nanounha,  
 e t ,  quelques  heures  après,  nous  rentrâmes  à  bord  de  la  corvette. 
 ( Extrait  du  Journal de M.  Quoy.  ) 
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 De  ce moment,  nous  ne  revîmes  plus  les  habitans  de  
 Tévai,  dont aucun de nous ne regretta la société. 
 Ce  fut au  tour des babitans de Manévé  à venir trafiquer  avec  
 nous,  ce  qu’ils  s’étaient  interdit  tant  que  nous  demeurâmes  
 sur  le  territwre  de  ceux  de  T é v é ,  avec  lesquels  ils  étaient  en  
 guerre,  quoique  à  se  toucher presque.  Tandis que notre navire  
 était  dans  le  plus  étroit  de  la  passe,  ces  deux  villages  furent  
 sur  le  point de nous  donner le  spectacle  aussi  curieux  que  peu  
 meurtrier  d’un  combat  naval.  Leurs  pirogues  s’approchaient  
 de  part et  d’autre,  sans  que  nous  fussions pour  elles  un  obstac 
 le ,  car  elles  rodaient  autour  de  nous;  les  hommes  qui  les  
 montaient  se  défièrent  long-temps  et  par  de  longs  discours,  
 en  agitant  leurs  flèches,  mais  sans  en  venir  à  portée  du  trait.  
 Ils paraissaient avoir  autant  de  peur  d’un  côté  que  de  l ’autre ;  
 enfin,  après  qu’ils  furent fatigués  de  c r ie r ,  ils  se  séparèrent  et  
 allèrent probablement  racontera leur village  qu’ils  avaient  été  
 vainqueurs;  comme  ceux  de  T é v é ,  deux  jours  avant,  nous  
 dirent  qu’ils  avaient  tué  dix  babitans  de  Vanikoro  ,  village  
 situé  à  l ’opposite  du  leu r ,  sur  la même  île ;  ce  qui  aurait  fait  
 le  quart  ou  le  cinquième  de  sa  population.  Bien  entendu  
 qu’ils  n’avaient perdu personne.  Nous nous  dîmes  :  C ’est absolument  
 comme  chez  nous.  Avec  une  perfection  de  plus  seulement, 
   c’est  que  les  chefs  ont  eu  l ’art  de  se  rendre  inviolables  
 et  comme  sacrés.  Ces  guerres,  auxquelles  ils n’assistent  p o in t,  
 ne semblent  pas trop  les  regarder,  si  ce  n’est  comme  pacificateurs; 
   ils  les  abandonnent  au menu  peuple,  seul  chargé  de  se  
 faire  tuer.  Pour  en  finir  sur  ce  .sujet  qui  se  trouve  commencé  ,  
 nous  dirons  que  ces  misérables  peuplades  de  cinquante  à  cent  
 individus  au  plus,  loin  de  vivre en  bonne  intelligence  dans un  
 aussi  petit  espace,  sont  presque  constamment  dans  un  état  
 d’hostilité  les  unes  envers  les  antres.  Le.s  limites  de  territoire