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neaux d’oreilles, à fabriquer des flèches, des peignes, et aussi
à tuer la vermine qui couvre leur tête. Les femmes sont chargées
de tous les travaux de la maison, elles vont chercher la
nourriture qui consiste en plusieurs espèces de végétaux, et la
préparent à la manière de la mer du S u d , dans ces fours de
cailloux chauffés qui cuisent les substances à un degré si parfait.
Ces fours sont creusés au milieu de chaque cabane.
Les porcs e.xistent en petite quantité à Vanikoro , et la superstition
des habitans semble en faire le mets exclusif des
Dieux, c’est-à-dire des chefs qui réunissent, à ce qu’il paraît,
le pouvoir spirituel et temporel. La pêche est peu abondante,
et encore est-il peu d’espèces de poissons qui n’ aient quelque
chose de sacré qui en interdit l ’usage aux naturels. Les bois
abondent en oiseaux, une espèce de colombe charmante et
une sorte de poule-d’eau d’une rare beauté sont les plus communs.
Les oiseaux de rivage se montrent aussi par troupes
nombreuses.
La religion extrêmement compliquée de ces misérables
humains est un obstacle de plus à leur bien-être au milieu d’un
pays qui offre déjà si peu de ressources. F A to u a , le d ieu , se
retrouve partout pour enlever au malheureux sauvage le
meilleur de ce qu’il possède , et ce dieu , c’est par la voix du
ch e f, de Y A r ik i qu’il communique ses intentions. Le chef
seul jouit du pouvoir de conférer avec cet Atoua qui se tient
sur le plus haut sommet de Vanik o ro , et rarement il admet
un sujet à la faveur d’être présenté au dieu redoutable , qui
n’est souvent qu’un c a illo u , un poisson, ou même un trou en
tcn e .
Nul doute que les îles Vanikoro ne soient encore visitées
par des navires européens. 11 nous parviendra certainement
quelques nouvelles notions sur les malheureuses peuplades
qui vivent dans ces tristes climats ; mais jamais Vanikoro
ne deviendra le siège du moindre établissement qui puisse y
apporter un peu de civilisation. L ’ air meurtrier de ces parages
n’attirera point de missionnaires anglais comme les îles
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NOTES. 357
fortunées de Ta ïti et de Tonga- Tabou. Vanikoro ne sera jamais
qu’un tombeau illustré par le nom de Lapérouse.
{E x tra it du Journal de M . S a in so n .)
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Les flèches armées seulement de pointes en bois ne
produisaient point le même effet.
Quoi qu’il en so it , cette île est de formation volcanique
ancienne. Elle est toute hérissée de pitons, dont les plus élevés
peuvent avoir trois cents toises ; malgré la vigoureuse végétation
qui en occupe jusqu’aux dernières cimes, on remarque les
coulées de lave qui ont descendu jadis de ces sommets. 11 ne
paraît y avoir que peu de petites plaines intérieures. Le plus
souvent les montagnes descendent jusqu’à la mer, et les eaux
pluviales, jointes à celles des marées, forment des plages marécageuses
couvertes de mangliers. L ’île en est complètement
entourée, si ce n’est dans trois ou quatre endroits occupés par
des villages, comme à Tévé , Nama et V an o u , car Tanéma et
Payou sont au milieu des marécages. Cette ceinture de palétuviers
se distingue par la verdure plus tendre des arbres et par
la régularité de leur masse. L ’insalubrité de cette île est tellement
reconnue des insulaires d’a lentour, que ceux de Tikopia
nous disaient qu’il suffisait de dormir à terre pour y mourir ou
y contracter des fièvres qui feraient tremb le r, ce qu’ils nous
indiquaient par des gestes énergiques. En effet, le capitaine
Dillon écrivit de la baie des lies que la grande quantité de
malades qu’il avait eus ne lui avait pas permis de continuer ses
recherches. Ajmnt laissé coucher ses gens à te rre , il en perdit
plusieurs, surtout des Tikopiens qui l’avaient suivi. Aussi, les
cinq insulaires de Tikopia qui étaient avec nous allaient bien
passer la journée à terre ; mais, à la n u i t , ils revenaient coucher
à bord.
Dans une île d’arnssi peu d’étendue , il n’y a point de rivière;
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