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la Nouvelle-Galles du Sud, au moins sans être exposé
à une traversée très-longue et à des fatigues inouïes.
En o u tre , en m’obstinant à poursuivre ma l'oute au
S., et à lutter contre les vents du S. E ., j ’expose F Astrolabe
à ne pas conserver un seul homme debout, et
ce danger deviendra d’autant plus imminent que nous
avancerons plus au sud, car les coups de vent de la
mer antarctique et ses houles pénibles ne pourront
manquer de fatiguer de plus en plus les hommes bien
portons et de réduire les malades aux abois.
Dans toute cette partie de l’Océan-Pacifique, il
n ’existe pas un mouillage où je puisse conduire la corvette
avec quelque espoir de succès, pour améliorer
le sort des malades. Toutes les îles qui nous environnent
sont peuplées par des sauvages b a rb a re s , défians
, la plupart cannibales ; et presque tous les navigateurs
qui les ont fréquentés, ont été contraints
d’avoir recours à la force des armes pour repousser
leurs attaques. D’ailleurs on ne trouve chez eux ni
vivres ni rafraîchissemens, e t , une'fois mouillés, il
est probable que nous n ’aurions plus la force de relever
nos ancres. Il est donc préférable de tenir la
mer. Après de longues réflexions et de pénibles agitations
, je me détermine à me diriger sur Gouaham,
afin de donner quelque repos à l’équipage épuisé.
C’est l’unique port européen à ma disposition, le seul
qui me paraisse convenir au but que je me propose.
Nous connaissons tous l’accueil obligeant que M. Frey-
cinet a reçu il y a neuf ans dans cette colonie, et
combien cette relâche lui a été utile pour le rélabhssement
de ses nombreux malades. Ces motifs
réunis me décident à laisser porter au n o rd , dans
la journée du 26 m a rs , pour rallier les Mariannes.
Parceltenouvelle disposition, je me voyais contraint
de renoncer définitivement au passage du détroit de
T o rrè s , car de Gouaham je ne pouvais plus songer à
revenir vers ce détroit, contre la direction des vents
ahsés. Scrupuleux, comme je l’avais été jusqu’alors,
dans l’observation fidèle de mes instructions, j ’éprouvai
un vif regret de laisser celle partie de mes travaux;
quelquefois même, dans les paroxismes de la fièvre ,
jetais tenté de laisser porter à l’O ., pour donner
à pleine voile dans ce dangereux passage, et m’y frayer
une route plus expéditive vers les Moluques. Mais
quand la voix delà raison reprenait le dessus dans mon
e sp rit, outre l’inulililé absolue d’une semblable route
pour la navigation, attendu l’impossibilité physique où
nous étions tous de nous livrer à aucun travail géographique
, je reconnaissais qu’il y aurait dans ce parti
à peine une ou deux chances de succès, contre toutes
les probabilités réunies d’une perte complète. En effet,
avec tout le bonheur possible, il nous aurait fallu quelquefois
louvoyer entre les récifs et mouiller au moins
cinq ou six nuits ; manoeuvres devenues impraticables
avec le peu d’hommes qui pouvaient encore agir. Non-
seulement il eût été téméraire, mais même coupable
de ma p a rt, d’exposer la corvette, son équipage et ses
importans matériaux, à un naufrage presque inévitab
le , auquel probablement personne n ’eût échappé.
Heureusement ce sentiment prévalut, je m’armai de