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 332 N O T E S . 
 de  I’eau-de-vie  (pour  mon  A n g la is ) ,  du  sucre,  du  café,  du  
 fromage,  une  cafetière  et une  bougie;  et  de  plus,  de  l’aeidc  
 citrique  cristallisé  ,  un  petit  flacon  d’csprit-de-vin  ,  un  autre  
 d’ammoniaque ,  et î 5 grains  de  sulfate  de quinine. 
 Muni  de  tous  ces  objets,  je  vais  avec  Hambilton  au  village  
 de Nama,  et  sans  cérémonie  je  m’installe  dans  la  cabane  du  
 vieux  chef Naro  ,  qui  m’avait  déjà  fourni  quelques  renseignemens. 
   C’était  le père de Védévéré. 
 J’étais  fatigué  et  je  dormis  parfaitement,  tout  b a b illé ,  par  
 terre,  au milieu  d’une  épaisse  fumée  et  dévoré  par  les  moustiques. 
   Hambilton  voulait  veiller  pendant  que  je  dormais,  
 mais  il  finit  par  suivre  mon  exemple  et  se  fier  à  ma  bonne  
 étoile.  11  me  disait,  avant  que  je  fusse-endormi,  que  si  nous  
 ne  faisions  pas  la  garde alternativement,  les  naturels,  certains  
 de  l’impunité,  nous  massacreraient  pour  avoir  nos  habits  et  
 nos provisions.  A  la  r igueu r ,  cela  pouvait  bien  arriver;  mais  
 enfin,  lorsqu’on  a  couru  tout  le  jo u r ,  dans  un  pays  b rû la n t ,  
 il  faut  se  reposer  pendant la  nuit. 
 La  cabane  de Naro  est  assez  grande,  de  forme  ovale;  elle  
 est soutenue par  deux  grandes  poutres.  Au milieu,  la  hauteur  
 est de  quinze à  dix-huit  pieds ;  sur  les côtés,  elle n’est plus que  
 de  cinq pieds  et  quelques  pouces.  Toute  la  famille  couche  à  
 côté  de  nous;  les  femmes  sont à  quelque  distance. 
 Le  mercredi 27  février, nous nous éveillons de bonne heure. 
 Le vieux Naro me  dit  qu’il  est  aligui  de Tanéma.  11  me  propose  
 d’y  faire  une  course  en  pirogue,  ce  que  j’accepte ,  mais  
 après avoir  fait par terre une  visite  à Vanou. 
 L ’aligui  A b o ïo ,  grand  constructeur  des  p iro gu e s,  me  dit  
 aussi  avoir vu  deux  papalan-hi. 
 Je  m’ occupe  activement  à  recueillir  le  vocabulaire  de  la  
 langue  de Vanikoro.  Je parviens même  à  obtenir  une  chanson  
 d'amour  que  je vais  transcrire. 
 jpiéntmé  fékaout  piénéinc, 
 IJfkaubi  pténémt  pékoubt. 
 N OT E S .  333 
 |)itiiémé  fékaout  piétanboiirini, 
 |)iéncmr  ftkaaiii  piénémt.  
 pirkotcljo  ;jckoubi  pickotcl)»,  
 jjlickiiaé makou'bt  yitkaoc.  
 jpicitcmf  pttkotcl)0  pckoubi,  
 piritcmc  mokoubi  pitnéiné.  
 picrtnc  pithotiljo  ptkoubi,  
 pictntibaurou  naoubjr  ntlini  matcljéai. 
 |)tniÉmc  pttboutiié  matc(|c»i, 
 |)ickotrl)o  oaacgnoU  trgnouli. 
 Acoioihota  jouvan, 
 Oagnonjora  mntcljo  mottljo. 
 Tljo lilc   matcljé matcljo, 
 Ilatcljcrt  bébabo, 
 AgoiiU  agaliU maté mata. 
 (Duaïitalili  bébaba,  
 jpiéïaoi,  piénémé,  yiékotcka. 
 Après  avoir  entièrement  écrit  cette  chanson,  je  la  chante  
 aux babitans de Nama  qui  m’entourent.  Leur  surprise  ne  saurait  
 sc  dire.  11  est  impossible  de  peindre  la  joie  vraiment  frénétique  
 de  tous  ces  insulaires  qui  se  pressaient  autour  de moi.  
 D’après  les  renseignemens  que  j’ai  obtenus  ,  il  paraît  que  ce  
 chant  est  entièrement  relatif  à  l’union  des  sexes,  et  que  cet  
 acte, nommé piénémé par  les  Vanikoriens,  y   est  peint avec  une  
 brutale  énergie. 
 Le mot pié désigne  les  organes sexuels  de  la  femme. 
 Les naturels  exécutent  une  dan.se  de  Tikopia  avec  accompagnement  
 de  gestes. 
 Dans la  soirée,  d’autres danses  ont  lieu près  de  la  cabane de  
 Naro. 
 Au  coucher  comme  au  lever  du  s o le il,  les  femmes  et  les  
 jeunes  filles  de  la maison  d’un  chef  mort  tout  récemment  renouvellent  
 leurs  pleurs  et  leurs  cris  ,  qu’elles  recommencent 
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