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 reusement  le  beau temps  et  le  calme  de  la  mer  rendent  
 la  navigation  fort  douce.  L ’équipage  se  régale  
 chaque jour d’excellens  vivres  fra is,  grâce  à  la  libéralité  
 de  don  José Medinilla. 
 Au point du jour, malgré  la  distance  de  cinquante  
 à  soixante milles,  nous voyons déjà  surgir  à une certaine  
 distance  sur  l’horizon,  dans  toute  la  partie  du  
 su d ,  la  haute  chaîne  des  montagnes  qui  s’étendent  
 depuis  Doreï  jusqu’au  cap  de  Bonne - Espérance  
 [Goede-Hope).  L ’Astrolabe  se  retrouve  encore  une  
 fois précisément  sous  la  ligne ;  la  chaleur  est  étouffante, 
   et  dans nos chambres le thermomètre se maintient  
 jo u r et nuit à 31« ou  32“.  L ’eau  de la m er est au  
 même  degré  de  température. 
 En  ralliant la terre,  je  me  flattais  de  retrouver le  
 long de  la côte les courans qui portent ordinairement  
 avec tant  de  violence  à  l’ouest.  En  effet,  il  a  été  nul  
 du  17  au  18,  et  du  18  au  19  il  a  été  déjà  de  vingt  
 milles  à  r o .  N. O .,  ce  qui  nous  rapproche  enfin  du  
 but  que  nous  nous  proposons.  Mais  les  médecins  
 viennent de faire  une  découverte  affligeante. Ju sq u ’à  
 présent  nous  en  avions  été  quittes  pour la  fièvre et  
 son triste  cortège.  Aujourd’hui  il  a  été  constaté que  
 Sper était en  outre attaqué  de  la dyssenterie. Que ne  
 devons-nous  pas  craindre  de  cette  terrible  maladie  
 sur  des  hommes  dont  le  tempérament  est  à  démi-  
 détruit  et  le  moral  tout-à-fait  ébranlé,  au  moment  
 surtout  de reparaître  dans  les Moliyjues où  ce mal a  
 toujours  été  redoutable? 
 Dans  la  nuit,  je  réduis  la  marche de la corvette  à 
 un ou deux noeuds,  de  peur de dépasser  les  îles Mis-  
 palu;  car je  tiens  beaucoup  à  obtenir  des angles  horaires  
 sur  leur  méridien,  pour  lier  leur  position  à  
 celles  d’üm a ta  et  d’Amboine. 
 Néanmoins,  au retour  du jour,  à l’aspect  des montagnes  
 et  à  la  direction  de  la  côte,  j ’ai reconnu que  
 le courant nous  avait  déjà fait dépasser ces  deux îles.  
 J ’ai  profilé  d ’une  jolie  brise  de  S.  S.  O.  pour gouverner  
 à  l’E. S.  E.  et me  replacer  sur  leur méridien.  
 A huit  h eu re s,  nous  étions  précisément  au  nord  du  
 monde  de  la  pointe  O.  de  la  plus  occidentale,  et  à  
 seize milles  de  distance.  La meilleure reconnaissance  
 de  ces  îles  en  venant  du  large  est  certainement  une  
 montagne  remarquable  par  un  sommet  terminé  en  
 forme de croissant,  et que j’ai nommée pour  ce motif  
 mont Dicéras. Ce mont ne  gît  qu’à  cinq ou six milles  
 à  l’est des îles Mispalu, et un navire  ne peut  les manquer  
 en venant  attérir  sur  le méridien  de  cette montagne. 
 Nos deux montres, n»“  38  et  83, s’accordaient parfaitement, 
   et  donnèrent  129°  49'  long.  E.  pour  la  
 pointe ouest  des  îles Mispalu,  dans  la  supposition où  
 Umata  eût  été  placée  par  142°  12'  long.  E.  On  doit  
 se rappeler que l’année précédente nous avions trouvé  
 pour  ce même  point,  en  venant  du  hâvre  Carteret,  
 129°  43'  long.  E.  La  moyenne  de  ces  deux  longitudes  
 est  129° 46',  trouvée jadis par d’Entrecasteaux,  
 et  que nous  avons  adoptée définivement 
 I  II  est  à  remarquer  néanmoins  qu’en  partant  de  1420  1 7 ’  long.  E .   pour  
 U m a ta ,  comme  nous  l’avons  adopté  en  dérinitive,  on  aurait  1290  5 4 ’  pour 
 1828. 
 J u i n .