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VOYAGE
Nous filions six noeuds le cap à l’ouest pour approcher
du groupe de Hogoleu, et je craignais qu’une
brume assez épaisse, répandue sur tout l’horizon, ne
me nuisît dans cette circonstance. Cependant, dès quatre
heures et demie après midi, M. Dudemaine, au
travers de la b rum e , aperçut les sommets des îles
hautes à sept ou huit lieues de distance. Peu après on
commença à distinguer, des barres, les quatre petites
.les basses qui paraissent être les îles Caudichaud,
Quoy et Caimard, de M. Duperrey (la quatrième est
restée sans nom). Au coucher du soleil, ces îles
étaient visibles de dessus le pont.
Nous n’étions pas alors à plus de neuf milles au
vent de la chaîne des brisans qui environnent le
gi’oiipe, et je restai toute la nuit aux petits bords,
■l’avais à me défier de l’action des courans, et je n ’étais
en mesure d’exécuter aucune manoeuvre prompte
ou difficile en cas de danger.
La brise fut inégale, et nous eûmes des grains de
pluie durant la nuit. Cependant, quand le jour rev in t,
je vis avec plaisir que nous étions restés à la même
distance de te rre que la veille au soir. Je laissai porter
au N. O. jusqu’à deux milles du brisant. Puis à sept
heures du matin une station eut lie u , et M. Cuilbert
commença son travail géographique. Dès-lors nous
avions une vue très-détaillée de toutes les îles occidentales
du groupe d’Hogoleu. Les quatre îles de
î le ; le a3 fé v rie r i 83o , il reconnut un groupe de trois îlots bas entourés
d’un réc it commun qu’il nomma groupe de W e s te rv e lt et qui est évidemment
identique avec l ’ile d’U r v ille de M . Dup errey.
DE L’ASTROLABE. 245
Iros, Dublon, Falang et Chamisso, seules sont formées
par de hautes terres ; parmi elles on distingue le
pic délié de Dublon. Toutes les autres, au nombre de
dix-huit ou vingt, sont de petits îlots b a s , boisés et
situés sur le bord du brisant. Le plus grand de ces
îlots n ’a pas plus d’un mille de diamètre, et il en est
quelques-uns longs au plus de cinquante ou soixante
toises, qui n ’offrent qu’un petit plateau de coraux
couronné par un bouquet d’arbres. Nous n’eûmes
point fond avec cent brasses de ligne.
La station terminée, je mis le cap au S. S. E. pour
prolonger à trois milles de distance la longue chaîne
de brisans qui s’étend à sept milles au large des îles
hautes. Tandis que nous étions rapidement chassés
par une brise fraîche du N. E . , c’était un spectacle
digne de toute notre attention, que de voir ces îles
nombreuses changer à chaque instant de forme et
d’aspect, et figurer pour ainsi dire, en passant les
unes devant les a u tre s , les tableaux d’une lanterne
magique. En guise d’orchestre, une longue et creuse
lame soulevée par les vents d’E. venait expirer en
mugissant contre la muraille de coraux formée par les
polypiers, et semblait nous rappeler à chaque instant
de nous tenir sur nos gardes.
Cependant la direction du récif ayant paru fuir à
l’ouest, j’avais laissé porter jusqu’au sud-sud-ouest.
Mais bientôt la vigie annonça que le brisant reparaissait
à deux ou trois quarts au v e n t, et je m’empressai
de remettre le cap au S. S. E . , pour ne pas me
trouver enveloppé dans ce repli.
A v r il.