Y' IPÏ
18 28 .
Mars.
19-
23.
Taumako; car mon intention est de pousser jusqu’à
Kennedy, puis de revenir sur Nitendi. Malheureusement
l’équipage s’affaiblit de jour en jour.
De faibles brises d’E. S. E. nous livrent à une houle
énorme qui tourmente cruellement les malades, et
moi tout le premier. En o u tre , les torrens de pluie
qui reviennent à chaque instant entretiennent à bord
une humidité pernicieuse.
Les grains sont continuels, la houle fort dure et
très-fatigante. De p lu s, le vent tout faible qu’il est,
passe au N. O. Déjà j ’étais parvenu par 10° 30’ lat.
S ., sans avoir rien vu. 3Iais le mauvais temps et le
triste état de l’équipage me forcent à renoncer à
mes projets d’exploration sur l’archipel de Santa-
C ru z, et à reprendre la roule de P o rt-Ja ck so n ,
afin de procurer à nos malades les moyens de se
reposer et de se rétablir. En conséquence, à huit
heures du matin, j’ai laissé porter à l’E, S. E.
Durant les deux journées suivantes, je fis route au
S. E . , avec une faible brise du nord au N. N. O . ,
sous des torrens de pluie et contre une grosse houle
du S. E. qui arrêtait notre aire. Cependant le 22 au
matin, nous aperçûmes Tikopia et nous la conservâmes
en vue, toute la journée, à dix ou douze lieues
de distance, tant la brise était faible.
Grains de pluie par intervalles, calmes ou faibles
risées d’E . , une longue houle de S. E. nous fait rouler
bord sur bord. Quelle pénible situation avec quarante
malades dont l’état s’aggrave de jour en jour !
Le vent souffle à l’E. et à TE. S. E . , ce qui me
force à tenir le plus près bâbord, el à faire peu de
route, a cause de la houle. La nuit est mauvaise et
très-sombre.
Le ciel se charge entièrement, la pluie tombe par
torrens et le vent souffle avec beaucoup de violence à
l’E. S. E. A onze heures, les rafales sont déjà si pesantes,
qu’il faut prendre deux ris aux huniers. Nous
continuons notre route au sud.
La nuit est détestable, et j ’éprouve de sérieuses inquiétudes
a cause des courans qui peuvent m’entraîner
sur les îles situées sous le vent et dont la position
est encore très-vaguement donnée.
Bon frais d’E. S. E. et d’E .; rafales très-pesantes,
chargées de pluie et de vent, mer très-dure. Navigation
pénible au-delà de ce qu’on peut exprimer.
Les fatigues de cette journée êt des précédentes me
réduisent à l’état le plus déplorable. Déjà MM. Lottin
, Faraguet, Pâris et Dudemaine avaient cédé à la
maladie. Aujourd’hui M. Jacquinot lui-même, second
de l’expédition, a été obligé de garder le lit. Il ne me
reste plus que MM. Gressien et Guilbert de valides
dans 1 étal-major. Vingt-cinq hommes de l’équipage
sont étendus su r les c ad re s, et parmi ceux qui restent
debout, la moitié très-faible encore ne peut rendre
presque aucun service à la manoeuvre, de sorte qu’il
nous reste à peine six ou sept hommes par quart.
Cette désastreuse situation me fait faire de pénibles
réflexions. J e risque d ’être entraîné au travers des
Nouvelles-Hébrides, et si je suis obligé de passer sous
le vent de ces île s, il me reste peu d’espoir d ’atteindre
25.
2 G.