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Mai.
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politiques, quand les Absolatos d’Espagne eurent le
dessus. Medinilla revint prendre à Gouaham son ancien
p o ste, et y rétablit en même temps le monopole et
les prohibitions abrogées par son prédécesseur.
Un magasin général établi à Agagna, pour le compte
du gouverneur, et pourvu de tous les objets d ’industrie
européenne, fournit à tous les besoins des insulaires,
triais à des prix exorbitans.
.ladis la métropole fournissait, pour l’entretien
de cette colonie, dix-huit mille piastres, qui se trouvaient
en majeure partie absorbées par le commerce
du gouverneur. Aujourd’hui cette somme cessant d ’être
payée, ou l’étant fort irrégulièrement, les profits
du gouverneur seraient fort minces , ou se réduiraient
a peu près aux objets en n a tu re , comme cochons,
volailles, et produits du so l, si les baleiniers qui paraissent
assez souvent sur les côtes de Gouaham n’y
versaient bon nombre de piastres et de schellings, qui
retournent tôt ou tard au trésor du gouverneur. 31ais
s’il arrive une fois que les baleiniers apportent à Gouaham
plus de marchandises que d’a rg e n t, ce monopole
tombera pour ne plus se re le v e r, et c’est probablement
ce que le gouverneur fera en sorte de prévenir
par tous les moyens en son pouvoir. En cela, ses
vues seront secondées par le caractère ro utinie r, l’esprit
borné et la stupidité des insulaires , qui préfèrent
payer à des prix exagérés des objets d’une qualité médiocre
pris dans les magasins du gouverneur , à ceux
que leur offrent les étrangers à meilleur compte et
d ’une qualité supérieure. Peut-être aussi ces malheuÎH
DE L’ASTROLABE. 286
reux savent-ils qu’ils seraient exposés à des vexations
de la part de l’autorité, si elle apprenait qu’ils se fussent
approvisionnés ailleurs que dans ses magasins.
Le gouverneur entretient une ombre de milice de
cent à cent cinquante hommes mal habillés, qu’il paie
en étoffe de ses magasins, et qui seraient Incapables
d’opposer la moindre résistance à la plus petite force
régulière. Sans aucun d o u te , une frégate prendrait
facilement possession de tout l’archipel des Mariannes.
Les principaux produits de Tîle sont les cochons,
les poules , le r iz , le ta b a c , l’arrow-root, les bananes,
les pa ta te s, le sagou et quelques autres fruits. L’extrême
indolence des habitans, d’accord avec la forme
du gouvernement, s’oppose à tout développement de
culture ; mais entre les mains d’un peuple industrieux,
l’excellent sol de Gouaham se prêterait à toute espèce
de culture, comme sucre, café, coton, et peut-être
girofle et muscade.
1828.
M a i.
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C’est un spectacle qui fait peine au voyageur, que
celui d’un aussi beau pays entre les mains d’une popu-
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