NOTES.
"fri:. :'i
I , "U'-i
autour de uous un cercle fort nombreux d’hommes , de femmes
et d’enfans.
Nous achetons à Manévai quelques régimes de bananes.
Le 26 février , à trois heures et demie du matin , nous
quittons la corvette pour fa ire , dans le grand canot, une seconde
fois le tour de l’î l e , en dedans de la ceinture de brisans
qui l ’environne. Cette expédition , dont font partie MM. de
Sainson, Lesson, Dudemaine et m o i, est commandée par
MM. Jacquinot et Lottin.
Depuis notre arrivée , j ’étais vivement désireux de passer
plusieurs jours à terreau milieu des naturels, afin d’obtenir
d’eux plus facilement des renseignemens exacts sur la perte
des deux vaisseaux de Lapérouse, sur le séjour des naufragés
à Payou, et pour voir, s’il était possible, les têtes de ces naufragés
que l ’on conserve, d it-on , dans la maison des esprits.
M. d’U rv ille, considérant l’intérêt de la mission comme
bien supérieur au danger que pouvait courir l ’un de nous,
eut la bonté d’approuver ce projet. Il me permit de me faire
déposer à Payou avec l’Anglais Hambillon , qui connaissait
assez bien la langue et les moeurs de ces insulaires. •
Avant notre départ, M. Gressien eut la complaisance de
me donner une esquisse assez exacte de la carte des îles Vanikoro.
Cette esquisse devait me servir de guide pour les courses
que je pourrais fa ir e , soit dans l’intérieur, soit sur la côte.
A .sept heures un quart, nous étions par le travers de la baie
R a o u lé , et à huit heures vingt minutes nons arrivons à Vanou.
Les femmes prennent la fuite à notre approche, emportant
avec elles leurs enfans et ce qu’elles possèdent de plus précieux.
Les hommes sont presque tous armés de leurs arcs et de leurs
flèches.
Je descends à terre. L ’Anglais llambilton et le matelot
Quemener viennent avec moi. Les deux principaux chefs
Vallé et Moa me prennent par la main et me conduisent dans
la demeure de Valié , où ils-me font asseoir, en m’offrant des
bananes et du poisson cuit enfermé dans des feuilles d’arbre.
329
Je demande à voir la maison des esprits. On m’y conduit,
et je n’aperçois aucune tête humaine. Je m’informe s’ils n’ont
point de crânes de papalan-hi, c ’est ainsi qu’ils nomment les
blancs ; et je leur offre en échange des haches et du drap rouge.
Ils me disent qu’ils n’en ont pas; que la mer possède les ossemens
des hommes naufragés.
L ’aligui Valié me propose de changer de nom avec lu i , cc
que j’accepte. Il frappe alors sur sa poitrine, en disant: Je
suis l ’aligui R a im a ; et en frappant sur la m ienne, il ajouta : T u
es l ’aligui Valié. Mon nouvel ami me fait présent de plusieurs
cocos. Je lui donne une hache , ce qui le rend tout joyeux. Je
lui propose de nous accompagner à Nama. I l y consent et
monte à bord de notre canot. Mais, au moment du départ, un
homme n o ir , à la raine renfrognée, à l ’air méchant, vient lui
faire des observations, et Valié reste dans son village. Je lui
donne mon portrait lithographié, dont j’avais déjà donné plusieurs
exemplaires à mes bons amis les sauvages de quelques-
unes des contrées que nous avions visitées. Ce po r trait, fait à
mon départ de France, par mon ami M. Feisthamel, actuellement
colonel de la garde municipale de Paris, fixe singulièrement
l ’attention de Valié. Il le montrait aux naturels, en
leur disant que ce portrait était le sien, puisque nous avions
changé de nom.
A dix heures vingt-trois minutes, nous arrivons à Nama.
Je descends à terre avec Hambilton et Quémener.
Un vieux chef, nommé Naro , me dit avoir connu deux
papalan-hi. Je visite la maison des esprits , où je ne vois aucune
tête humaine.
Le village de Nama contient seize maisons. Les babitans
ne paraissent point effrayés à notre approche comme ceux de
Vanou. Le vieux chef me donne les noms des différens quartiers
de l ’ile , en m’indiquant leurs positions respectives.
Nous quittons Nama à onze heures quarante minutes, après
avoir obtenu un guide , nommé Védévéré, q u i, après beaucoup
d’hésitation, nous a promis de nous conduire sur l’endroit
I:'
:■ r.|