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 les  bureau.t  de  l’administration.  Il  est  au  milieu  d’une  place  
 immense.  Sa  construction  est  belle,  grande et  simple.  On le  
 doit au gouvernement du  général Daendels. 
 Le gouverneur habite Buytenzorg, distant, je crois, de quinze  
 lieues de  Batavia.  Son  palais est moins beau  que l’édifice dont  
 je viens  de parler. 
 L'hôtel de Provence que nous  habitions,  tenu par un Français, 
   ne  le  cédait  à  aucune  des belles  maisons  de la ville.  Ses  
 dépendances  sont  considérables.  On  y  arrive  par  une  vaste  
 cour,  et derrière  la maison  est une  superbe  allée de  cocotiers,  
 dont  les  tètes  touffues  se  touchent et forment comme un  long  
 berceau qu’on a  en  perspective quand ou  est  à  table.  Des voitures  
 et  des  chevaux  sont  prêts  pour  toutes  les  beures de la  
 journée;  car  personne  ne  va  à  pied  à  Batavia.  Une  visite  à  
 deux pas se  fait  toujours  en voiture.  Il serait  de  mauvais  ton  
 de  faire autrement,  et  on ne peut  faire  usage  de ses jambes.  Il  
 est  vrai  que  la chaleur  fait qu’on se laisse  facilement aller à ce  
 commode  usage.  Les Chinois excellent dans  la fabrication des  
 voitures;  ils imitent dans  la perfection  celles qui  leur viennent  
 d’Europe,  et à  bon  compte. 
 On a bientôt tout vu à Batavia :  une demi-journée suffit pour  
 cela.  Par  un  plus grand séjour nous eussions promptement  été  
 répandus  dans  la  société;  et  si  M.  le  gouverneur  d’Amboine  
 y  fût  arrivé,  nous  eussions  été  présentés  au  cercle  de  l’Harmonie, 
   où  se  réunissent  les personnes de  distinction  de  la colonie. 
   Nous  eussions  vu  aussi  la  demeure  du  gouverneur,  et  
 nous  aurions  pris  connaissance  de  la  beauté  de  la  nature  à  
 Java,  ce dont les  environs  de  la  ville,  sales  et  fangeux,  sont  
 loin  de donner une  idée. 
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 Son  poste lui rapporte trois cent cinquante roupies par  
 mois,  sans  parler de ses profits éventuels. 
 Nous  trouvant  vis-à-vis  le  village  d’Anjer,  le  commandant 
 y  alla mouiller,  afin  de  prendre  des  vivres  qui  y  sont  à  bon  
 marché  et  de  compléter  notre  eau.  Les  habitans  étaient sans  
 cesse  le  long  du  bord.  Leur  position à  l’entrée  du  détroit de  
 la Sonde  les rend éminemment commerçans,  et  fait qu’ils parlent  
 plusieurs  langues,  comme  le hollandais,  l’anglais,  l’espagnol  
 et  le  portugais.  Anjer  est  comme  tous  ces  petits  comptoirs  
 qui  bordent  les  côtes  de  Java,  et  consiste  dans nn  fort  
 qu’habite  le  résident,  autour  duquel  viennent  se  grouper un  
 plus  ou  moins  grand  nombre  de  maisons  javanaises.  Ce  lieu  
 n’est  quelquefois pas sans  danger dans le mauvais temps;  nous  
 y  avons vu  des débris  de  navires à  la  côte.  Anjer malgré  cela  
 est  un  endroit  très-commode  pour  s’approvisionner.  Son  
 sous-résident me  parut un  assez  drôle de  corps.  Il  venait  d’un  
 comptoir hollandais  de  la  cote  d’Afrique,  et nous parlait très-  
 naïvement de  la  friponnerie des peuples noirs dont il  fallait so  
 défier.  Heureusement, Messieurs,  nous  disait-il, que  j’avais  
 inventé un  assez bon moyen  pour  ne  pas  être  leur dupe dans  
 les marchés que je  faisais  avec  eux  sur  la  poudre  d’or.  Je  la  
 pesais  sur  une  table  couverte  d’un  tapis  à  très-longs  poils;  je  
 faisais  naître  des  contestations par suite  desquelles je  renversais  
 les balances,  en disant  que  je  ne  voulais  plus  de  leur  or.  
 Plus  lis  faisaient  d’efforts  pour  le  reprendre  avec  les  doigts,  
 plus il s’en enfonçait dans  les poils du tapis qu’ils ne pouvaient  
 secouer. Plusieurs scènes  semblables  me laissaient  le  soir dans  
 le  soyeux  tapis  loo  à  2 0 0   francs de  bénéfice. Ah! Messieurs,  
 que ces noirs sont fripons! Nous ne vous en  faites pas d’idée. 
 PA G E   533. 
 Mais  je  fus  obligé  de  m’excuser  sur  mon  départ  immédiat. 
 De  tout ce  qui  a  été écrit sur l’IIe-de-Franee,  il y aurait  de  
 quoi  former  une  petite  bibliothèque.  Si  les  usages  des  babilans  
 de  cette  petite  terre,  rendez-vous  de  presque  toutes  les 
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