1828.
Févrie r.
rouse a fait naufrage, et M. Dillon nous a devancés
dans les recherches que nous nous proposions de faire.
J ’invite Bushart à descendre dans ma chambre, et
voici en substance le résultat de l’entretien que j ’eus
avec lui.
Après une longue indécision causée par ses querelles
avec ses officiers, M. Dillon s’était enfin décidé
à se rendre aux îles Mallicolo. En passant a Tikopia,
il avait pris à son bord plusieurs babitans de cette
île pour lui servir de guides et d’interprètes dans les
îles voisines. M. Dillon n’avait pu mouiller ni à Païou
ni à Vanoii ; ce n’avait été qu’avec beaucoup de difficultés
, et en courant de grands dangers, qu’il avait
pu conduire son navire dans un endroit nommé Ocili,
situé à dix ou douze milles du lieu du naufrage. Je
compris même qu’il avait fallu placer des balises pour
guider la marche des bâtimens au travers des coraux,
attendu que le canal était souvent très-resse rré .
M. Dillon avait séjourné près d’un mois sur Mallicolo
, et s’y était effectivement procuré les divers objets
mentionnés dans sa lettre de la Nouvelle-Zélande.
Mais il ne restait aucun Français dans l’île ; le dernier
était mort un an auparavant, et les naturels avaient
indiqué son tombeau aux étrangers. Les insulaires
s’étaient montrés paisibles envers leurs h ô te s , mais
l’air de l’île était fort malsain, et l’équipage avait été
attaqué d’une fièvre opiniâtre dont il avait cruellement
souffert.
Bushart était revenu, du consentement de M. Dillon
, de la baie des lies à Tikopia, sur le schooner le
Governor-Macqaarie, destiné ultérieurement pour
les îles Rolouma et Tonga-Tabou. Cet homme consentit
suiMe-champ à m’accompagner à Mallicolo et
partout où j’irais ensuite, pourvu que je lui permisse
d’emmener sa femme qui était une native de la N ou-
velle-Zélande, et son bagage. Ce dernier article ne
souffrait aucune difficulté, mais je répugnais singulièrement
à recevoir sur la corvette une jeune femme
dont la présence pouvait exciter des désordres dans
l’équipage. Cependant, pour ne pas me priver de l’assistance
d’un guide aussi utile, je promis à Bushart de
recevoir sa femme avec lu i, et de la faire respecter à
bord de l’Astrolabe autant qu’il pourrait le désirer.
Dès-lors cela me parut une affaire terminée.
Pendant ce*temps, les naturels de Tikopia vendaient
à bord le peu de cocos et de poisson qu’ils
avaient apportés. Bushart m’ayant affirmé que ce peuple
était d’un excellent n a tu re l, et que nos hommes
ne courraient aucun risque au milieu d ’eu x , je fis sur-
le-champ armer la baleinière que je remis sous les ordres
de M. Guilbert pour conduire à terre MM. Gaimard,
Lesson et Sainson. J ’étais bien aise que ces
trois personnes pussent profiler du peu de momens
que je voulais passer devant Tikopia, dans l’intérêt
de l’histoire naturelle et du dessin. Bushart s’embarqua
avec eu x , et promit de revenir sur la baleinière
avec sa femme, car je désirais poursuivre immédiatement
ma route vers Vanikoro.
L ’Astrolabe resta à peu près en calme plat à trois
ou quatre milles au sud-est de Tikopia , mais le cou-
182S.
r é v r ic r .
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