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 1828. 
 Févrie r. 
 Je donnai à chacun d’eux un collier, el M. Guilbert  
 les  gratifia  d’un  morceau  d’étoffe  de  Tonga  :  ces  
 présens  les  comblèrent  de  joie.  Puis je  commençai  à  
 les  questionner.  Ils  m’écoutaient  attentivement,  et  
 paraissaient  disposés  à m’être agréables.  Néanmoins,  
 comme ceux  de Tevai,  ils nièrent  long-temps avoir eu  
 connaissance  de  l’événement ;  personne  ne  se  souvenait  
 d’avoir vu les vaisseaux naufragés, ni les étrangers  
 qui les montaient.  Enfin  un  vieillard,  qui paraissait  
 n’avoir  pas  moins  de  soixante-dix  ans,  confessa  
 qu’il  avait  vu  deux  blancs  qui  étaient  descendus  à  
 Païou;  mais  il  ajouta  qu’ils  y  étaient  morts  depuis  
 long-temps sans avoir laissé d’enfans. Ceux qui avaient  
 abordé  à Vanou  avaient  été  reçus  à coups  de  flèches  
 par  les  naturels  :  alors  les  blancs  avaient  tiré  sur  
 ceux-ci  avec  leurs  fusils  ( et  il  faisait  le  geste  d’un  
 homme  qui  souffle  la  mort) ;  ils  en  avaient  tué  plusieurs; 
   ensuite  ils  avaient  tous  péri  eux-mêmes,  et  
 leurs crânes étaient enterrés  à Vanou.  Les  autres  os  
 avaient  servi  aux  sauvages  à  garnir  leurs  flèches.  
 Quelques-uns des  assistans  ont voulu  nier  ce dernier  
 fait;  mais,  en  définitive,  ils  ont  avoué  qu’ils  craignaient  
 de  voir  les  habitans  de  Vanou  arriver  pour  
 les  exterminer,  s’ils  avaient  connaissance  que  ceux  
 de  Manevai  eussent  fait  cette  déclaration,  lis  firent  
 même  retirer  le  vieillard  pour  empêcher  que  je  ne  
 l’interrogeasse  plus  longuement. 
 Pendant  ce  temps,  on  m’avait  apporté  de  vieux  
 morceaux de fer provenant du navire naufragé devant  
 Païou ;  mais  je  n’achetai  qu’un  clou  et  un  morceau 
 Février. 
 de  cuivre,  les  autres  pièces  n ’offrant que des  débris  
 informes,  à  cause  de  leur  vétusté  ou  de  leur  oxi-  
 dation. 
 A  Manevai,  comme  à  Tevai,  je  montrai  aux  naturels  
 une  croix de Saint-Louis et une pièce d’argent,  
 en  leur  demandant  s’ils  avaient  déjà  vu  des  objets  
 semblables.  A  Tevai,  personne  ne  se  souvint  d’en  
 avoir jamais  v u ;  mais  à  Manevai,  Tangaloa  affirma  
 qu’il  s’en trouvait de semblables à Vanou.  Je négociai  
 ensuite,  avec Tangaloa  et Barbaka,  le  prix  des morceaux  
 de  parchemin  laissés  par  Dillon.  Le  premier  
 céda  volontiers  le  sien  pour  un  beau  collier ;  et Barbaka, 
   après  s’être  montré  d’abord  plus  exigeant,  
 accepta  aussi  ce marché. 
 Le  chef Tamanongui me  fît  offrir  du  poisson,  du  
 taro  et des  cocos;  je  n’acceptai  que  quelques  cocos,  
 mais  je   fus  très-sensible  à  son  hospitalité,  qui  contrastait  
 si fortement avec l’insolente avidité de Nelo et  
 de ses sujets.  Ce  bon ariki  parut enchanté,  ainsi que  
 tous  ses  hommes,  quand je lui appris  que  dans  cinq  
 jours  le  navire  viendrait mouiller  près  du  village ;  et  
 il  répéta  plusieurs  fois  que  tout  y  serait  à  mon  
 service. 
 J ’avais  remarqué  Tangaloa,  tant  pour  son intelli-  pi. c l x x v i .   
 gence et  ses  agréables manières  que  pour sa  connaissance  
 parfaite  de  la  langue  de  Tikopia.  Aussi  lui  
 avais-je  fait  quelques  amitiés,  qui  l’avaient  d’autant  
 mieux  disposé  à  mon  égard  qu’il  était  déjà  l’ami  de  
 M.  Guilbert.  Jaloux  d ’acquérir  un  interprète  aussi  
 intelligent,  je lui  avais  proposé de servir  de guide au 
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